L'Iran aurait cherché à acquérir la bombe avant 2003

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Yukiya Amano. L'AIEA estime que Les autorités iraniennes ont déployé jusqu'en 2003 des "efforts coordonnés" pour se doter de l'arme nucléaire. /Photo prise le 26 novembre 2015/REUTERS/Heinz-Peter Bader

VIENNE (Reuters) - Les autorités iraniennes ont déployé jusqu'en 2003 des "efforts coordonnés" pour se doter de l'arme nucléaire, dit l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans un rapport rédigé dans des termes d'une clarté inattendue. Des activités potentiellement liées au volet militaire du programme nucléaire iranien se sont poursuivies ensuite, mais de façon moins coordonnée, et plus rien de crédible n'a été découvert après 2009, ajoutent les auteurs. Ce rapport confidentiel, dont Reuters a pu prendre connaissance mercredi, a été rédigé dans le cadre de l'accord international conclu en juillet à Vienne, qui prévoit un encadrement du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions. L'AIEA doit maintenant décider s'il est ou non nécessaire de poursuivre son enquête sur la nature du programme nucléaire de la République islamique. Téhéran menace de récuser l'accord si le Conseil des gouverneurs de l'organisation internationale ne classe pas l'affaire. "Il n'y a pas de flagrant délit là-dedans, mais nous n'en attendions pas. L'important, c'est que le bilan n'est pas clair pour l'Iran", a commenté un diplomate en poste à Vienne. "Le rapport autorise le classement du dossier PDM (possibles développements militaires, ndlr), mais cela n'empêchera pas l'agence de chercher à répondre à certaines inquiétudes s'il s'en présente", a-t-il ajouté. LA NATURE PACIFIQUE DU PROGRAMME DÉMONTRÉE, DIT TÉHÉRAN "L'Agence estime que différentes activités liées au développement d'engins explosifs nucléaires ont été menées en Iran avant la fin 2003 dans le cadre d'une initiative coordonnée", peut-on lire dans ce rapport intitulé "Evaluation finale des questions en suspens, passées et actuelles, concernant le programme nucléaire de l'Iran". C'est en 2003 que l'AIEA a confirmé l'existence en Iran d'un centre d'enrichissement d'uranium secret. "L'Agence estime également que ces activités n'ont pas été au-delà des études de faisabilité, des recherches scientifiques, et de l'acquisition de certaines compétences et capacités techniques", précisent les auteurs. Ils ajoutent donc "qu'aucun signe crédible d'activités liées au développement d'explosifs nucléaires n'a été découvert après 2009". Pour le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araqchi, négociateur en chef sur ce dossier, il est désormais démontré que le programme nucléaire de la République islamique n'a pas été mené à des fins militaires. "Le rapport final de l'AIEA sur les dimensions passées montre qu'il n'y a aucun signe de l'existence d'un programme militaire (...) et confirme que le programme iranien était pacifique", a-t-il déclaré, après la mise en circulation du document à Vienne. (Francois Murphy et Shadia Nasralla, Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Marc Angrand)