Comment l'insécurité est devenue la nouvelle priorité du gouvernement Castex

Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à Dijon le 10 juillet 2020.  - Philippe Desmazes
Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à Dijon le 10 juillet 2020. - Philippe Desmazes

Il a promis des "annonces concrètes". Jean Castex se rendra samedi à Nice où une fusillade a éclaté en début de semaine dans le quartier sensible des Moulins, en pleine journée et à la vue des passants. Un nouvel incident qui vient s'ajouter aux faits divers violents survenus ces dernières semaines en France.

Dans sa déclaration de politique générale tenue le 15 juillet dernier, Jean Castex annonçait "une réponse ferme et sans complaisance" à des "faits inacceptables qui exaspèrent les Français".

"L'enjeu sécuritaire a toujours été un enjeu important dans l'opinion publique et il y revient aujourd'hui avec cette succession d'actes délictueux ou meurtriers et touchant parfois des professions sensibles", observe Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire.

Multiplication des déplacements ministériels

Les scènes de violences dans les quartiers des Grésilles et de Chenôve à Dijon, la mort d'un chauffeur de bus à Bayonne après avoir été attaqué par des usagers, le décès d'une jeune gendarme en service à Agen ou encore la mort d'une jeune aide soignante après avoir été fauchée par une voiture à Lyon.

Des faits divers qui ont obligé le gouvernement à revoir son agenda et à multiplier les déplacements ces dernières semaines, en témoigne la présence de Marlène Schiappa ce vendredi en Normandie. La ministre déléguée à la citoyenneté auprès du ministre de l'Intérieur va à la rencontre de forces de l'ordre engagées contre les violences conjugales et familiales alors qu'un dispositif de sécurité spécifique a été mis en place pour la saison.

"Il y a aussi une nécessité pour l'exécutif d'investir ce sujet [...] et urgence à se montrer sur le terrain", décrypte Benjamin Duhamel, journaliste politique à BFMTV.

Reste qu'"il ne suffit pas d'aller sur le terrain, d'être le premier flic de France, il faut aussi avoir la capacité à incarner un message d'ordre", ajoute Benjamin Duhamel, en référence aux débuts de Gérald Darmanin à la place Beauvau.

Des actes de présence alors qu'Emmanuel Macron est critiqué pour avoir tenu des propos jugés disproportionnés. Le président de la République, interviewé au 20h de TF1, avait employé le terme d'"incivilités" pour qualifier les récentes violences. Un terme pas assez ferme selon l'opposition qui attend des mesures concrètes pour les 600 derniers jours de ce quinquennat.

L'opposition dans l'attente d'actes

"J'applaudis le discours, maintenant j'attends les actes et les faits [...] Jusqu'à présent, je n'ai rien vu depuis trois ans", estime Emmanuelle Ménard, députée non inscrite et apparentée Rassemblement national.

De son côté, le député LR Daniel Fasquelle considère que la politique pénale du gouvernement est un "échec" et ne se dit pas convaincu par les nouveaux occupants des ministères régaliens. La visite qu'effectuera Jean Castex à Nice se fera aux côtés du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, déjà sur place jeudi, et du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, des personnalités clivantes nommées à des postes clés du gouvernement.

"Il ne suffit pas de changer de casting, mais de changer la politique et être à l'écoute de la base", juge l'ex-maire du Touquet.

Le président du Sénat Gérard Larcher, interrogé ce matin sur BFMTV-RMC, appelle quant à lui le gouvernement à passer aux "travaux pratiques" alors que les chiffres liés à l'insécurité sont en hausse dans le pays. Selon un récent sondage Odoxa, 68% des Français disent se sentir souvent ou de temps en temps en insécurité. Une préoccupation grandissante alors que l'exécutif est désormais attendu au tournant.

Article original publié sur BFMTV.com