L'influence d'Emmanuel Macron auprès de l’UE vacille
La décision du président français de dissoudre l'Assemblée nationale provoque une onde jusqu'à Bruxelles. Cette annonce ouvre la porte à une période de flottement dans le processus institutionnel de l’UE.
D'une part, Emmanuel Macron sort affaibli de la défaite de son parti aux élections européennes. D’autre part, le dirigeant français pourrait se présenter le mois prochain devant ses partenaires en situation de cohabitation si l'extrême droite l'emporte lors des élections législatives anticipées, avec pour conséquence un affaiblissement de sa voix.
"On se souvient du discours de la Sorbonne au mois d'avril où il était très ambitieux. Il a appelé à des actions ambitieuses pour l'Union européenne. Il sera peut-être moins en position d'imposer cet agenda-là à ses partenaires européens, moins en position de pointer la direction à suivre pour l'Union européenne", estime Eric Maurice, analyste au European Policy Centre.
Emmanuel Macron avait joué en 2019 le rôle de faiseur de roi. Il avait donné le nom d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne, il avait obtenu la présidence de la Banque centrale européenne pour la France et il était parvenu à offrir un portefeuille imposant au commissaire français. En cas de cohabition, le président risque de voir cette dynamique s'enrayer.
"Cela pourrait rendre les choses plus difficiles au niveau européen si, disons, (Emmanuel) Macron a son mot à dire sur la scène nationale, et Jordan Bardella en tant que Premier ministre pourrait entraver son enthousiasme au niveau européen", juge Sophia Russack, analyste au Centre for European Policy Studies.
Les négociations débuteront la semaine prochaine pour répartir les différents postes majeurs de l'Union, à savoir la présidence de la Commission européenne, du Conseil européen et le responsable de la diplomatie de l’UE.
Le poids économique et démographique de la France et de l'Allemagne rend les deux capitales incontournables dans l’UE, mais le contexte politique n'est pas favorable aux deux dirigeants.
"Les deux leaders, supposés les plus importants, Olaf Scholz et Emmanuel Macron, sortent affaiblis de ces élections. Cela pourrait donc donner un peu plus d'espace aux leaders des autres grands pays, comme la Pologne, l'Italie et l'Espagne", constate Sophia Russack.
Les élections législatives françaises auront lieu le 30 juin et le 7 juillet.