L'Indonésie veut répondre à la menace de l'Etat islamique

par Randy Fabi et Fergus Jensen DJAKARTA (Reuters) - L'Indonésie doit renforcer ses moyens de protection face à la menace croissante de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) et collaborer davantage avec ses voisins pour la combattre, a déclaré vendredi le chef de la police de Djakarta au lendemain des attentats dans la capitale indonésienne. Sept personnes, donc cinq assaillants, ont été tuées après trois heures de siège et de nombreuses explosions dans un centre commercial du centre-ville. Mais ce bilan humain peu élevé ne doit pas empêcher les autorités indonésiennes de tirer les leçons de cette première attaque revendiquée par l'EI sur leur territoire, a déclaré le chef de la police, Tito Karnavian. "Nous devons prêter une très grande attention à la montée de l'EIIL", a-t-il dit en utilisant la précédent acronyme de l'EI (Etat islamique en Irak et au Levant). "Nous devons améliorer nos moyens de réponse et nos mesures préventives, y compris en adoptant une loi pour les arrêter... et nous espérons que nos homologues dans d'autres pays peuvent collaborer parce qu'il ne s'agit pas d'un terrorisme local mais d'un réseau international", a-t-il ajouté. Les experts s'accordent à souligner le risque représenté par la radicalisation de jeunes musulmans s'inspirant de l'EI, même si le bilan peu élevé de jeudi et les armes rudimentaires utilisées par les assaillants traduisent le côté "amateur" de cette attaque. Tito Karnavian a confirmé que l'attaque avait été menée par des sympathisants de l'EI et probablement pilotée depuis Rakka, le bastion de l'organisation djihadiste en Syrie, par un extrémiste indonésien, Bahrun Naim. ENVIRON UN MILLIER DE DJIHADISTES Le mode opératoire utilisé par les assaillants reproduit celui des attentats de Paris en novembre dernier, dont Bahrun Naim avait à l'époque souligné sur son blog l'efficacité. La menace djihadiste pesant sur l'Indonésie, le plus grand pays musulman du monde, vient cependant de bien plus loin et puise notamment ses racines dans les attentats de 2002 à Bali (202 morts) et de 2003 et 2009 contre des grands hôtels de Djakarta. En décembre dernier, les forces de sécurité indonésiennes avaient d'ailleurs mené une série d'opérations antiterroristes sur l'île de Java, la principale de l'archipel, sur la base de renseignements communiqués notamment par les Etats-Unis et l'Australie. Selon les autorités, ces opérations avaient abouti à l'interpellation de neuf partisans de l'EI, qui avaient reçu des fonds en provenance de Syrie, et permis de déjouer plusieurs projets d'attentats. Les autorités de Djakarta avaient également dit être sur la trace de Santoso, premier islamiste indonésien à avoir prêté publiquement allégeance à l'EI, qui se cacherait dans la jungle reculée des Célèbes. Le gouvernement de Djakarta estime qu'il y a plus de 1.000 partisans de l'EI aujourd'hui en Indonésie. A l'image des djihadistes européens, entre 100 et 300 d'entre eux auraient séjourné en Syrie. (Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)