"On ne pourra plus dire: 'je ne savais pas'": la campagne "choc" contre le "tabou" de l'inceste présentée

"On ne pourra plus dire: 'je ne savais pas'": la campagne "choc" contre le "tabou" de l'inceste présentée

Charlotte Caubel veut "taper dans l'estomac de nos concitoyens". La secrétaire d'État chargée de l'Enfance est venue sur le plateau de BFMTV-RMC ce mardi pour présenter la campagne "choc" du gouvernement sur les enfants victimes de violences sexuelles. À ses côtés, Muriel Robin. La comédienne jouera dans un téléfilm sur TF1 - Ce silence familial - portant sur l'inceste et dont la diffusion est prévue le 2 octobre prochain.

Peu après son arrivée sur le plateau, l'humoriste a mis une alerte sur son téléphone, qui a sonné au bout de trois minutes. Une référence à un chiffre bien précis, mis en avant par un spot gouvernemental diffusé sur notre antenne: toutes les trois minutes, un enfant est victime d'inceste, de viol ou d'agression sexuelle en France. Ce qui représente 160.000 enfants par an. La démarche visait à faire "exister cette souffrance", encore taboue, s'est justifiée Muriel Robin.

"Conflit de loyauté absolu"

Charlotte Caubel espère justement qu'avec cette campagne "plus personne ne pourra dire, je ne savais pas". Pour mieux alerter, elle a énuméré des statistiques significatives: "Aujourd'hui, quand vous entrez dans une classe, deux à trois enfants subiront ou subissent l'inceste. Un adulte sur dix a subi l'inceste dans son enfance", a-t-elle indiqué, avant d'insister:

"Vous croisez des enfants [agressés] et des agresseurs tout le temps."

Aux yeux de cette ancienne magistrate du tribunal pour enfants de Bobigny (Seine-Saint-Denis), l'inceste se caractérise par un triple tabou. Le premier est "sexuel", le second porte sur les "violences aux enfants" et le troisième concerne "la famille". "L'enfant est dans un conflit de loyauté absolue", souligne Charlotte Caubel. Du moins s'il comprend cette situation, précise-t-elle dans la foulée, relevant que l'âge moyen des victimes d'inceste est de 7 ans pour les filles et 8 ans pour les garçons.

"L'inceste, c'est sur les petits, les services d'enquête ouvrent des enquêtes sur des enfants de moins de deux ans. C'est de ça dont on parle", alerte encore la secrétaire d'État.

"Il faut que ça change et ça prend du temps"

Intepellée par Muriel Robin sur la politique du gouvernement en la matière, Charlotte Caubel a énuméré plusieurs mesures (office de police dédiée, formation des médecins libéraux, mise en place du numéro spécialisé, le 119...), évoquant une "prise en main de ce sujet des violences intrafamiliales".

Pour autant, "peut-on mettre un policier et un magistrat derrière autant d'agresseurs?", a questionné Charlotte Caubel pour défendre la politique du gouvernement. "On en a un toutes les trois minutes! Il faut que ça change les cerveaux et ça prend du temps. On l'a vu en Espagne, il a fallu 6 ou 7 ans pour que ça percute la société espagnole."

La semaine dernière le sujet de l'inceste a été largement relayé, après le témoignage d'Emmanuel Béart, qui a révélé en avoir été victime entre ses 10 et 14 ans dans un documentaire qu'elle a co-réalisé. Il sera diffusé sur M6 le 24 septembre.

Article original publié sur BFMTV.com