"Un risque accru de 20%": l'impact de la cuisine au gaz sur la santé pointé du doigt par une étude

53% des foyers français seraient exposés à une surexposition au dioxyde d'azote, un composant chimique qui provoque de nombreux troubles respiratoires.

Un danger silencieux dans nos foyers. À l'heure actuelle, un tiers des Français est encore équipé d'une cuisinière au gaz. Un mode de cuisson apprécié pour, entre autres, sa capacité à cuire rapidement les aliments, mais aussi pour la nostalgie qu'il peut entraîner.

"Je lui trouve un caractère sympathique, un peu ancien, qui me permet de faire une cuisine qui ressemble à mes yeux à celle de ma grand-mère", explique à BFMTV Isabelle, qui utilise le gaz.

Graves problèmes de santé

Mais selon une étude menée l’Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique appliquée (TNO) pour l'ONG CLASP et l'association Respire, une majorité des foyers français est confrontée à une surexposition au dioxyde d'azote, le même polluant produit par les pots d'échappement des voitures.

Pour arriver à cette conclusion, le TNO a placé des capteurs pendant 13 jours dans 35 foyers français, mais aussi dans plusieurs centaines d'autres dans différents pays européens tels que les Pays-Bas, l'Italie, l'Espagne, la Slovaquie, la Roumanie ou encore le Royaume-Uni. Les résultats sont criants: 53% des foyers tricolores dépassent le seuil journalier préconisé par l’OMS en ce qui concerne le dioxyde d'azote.

"Une cuisinière à gaz amène un risque accru de 20% de souffrir d'une maladie des voies respiratoires", confirme à BFMTV Tony Renucci, président de l'association Respire.

Selon l'OMS, une surexposition à ce composé chimique est "associée aux maladies respiratoires", en particulier l'asthme, et "entraîne des symptômes respiratoires (tels que la toux, un sifflement ou des difficultés à respirer), des hospitalisations et des visites aux urgences."

"Preuves scientifiques"

Ces travaux vont encore plus loin. Dans un communiqué publié sur le site de l'association Respire, il est indiqué que les pics de pollution repérés dans les foyers français pouvaient "durer plusieurs heures et étaient d’autant plus intenses si les appareils de cuisson restaient longtemps allumés." "En moyenne, les limites journalières de l’OMS ont été dépassées durant 3 des 13 jours de test", apprend-on encore.

Pire, les équipements censés atténuer la pollution, dont les hottes à recirculation d’air ou avec évacuation vers l’extérieur, semblent inefficaces puisque les cuisines équipées gardent une grande partie de la pollution. "Cette inefficacité serait la conséquence d'une mauvaise utilisation par les ménages", indiquent les chercheurs.

Conséquence, des particules de dioxyde d'azote sont retrouvées dans d'autres pièces de la maison, dont le salon et les chambres à coucher.

"Aujourd'hui, en France, sur tout ce qui concerne la qualité de l'air intérieure, on a aucune loi, aucune législation qui ne permette d'améliorer les choses. C'est pour ça que cette étude est importante, elle amène des preuves scientifiques à un vrai problème de santé publique", ajoute Tony Renucci.

Afin de limiter les méfaits de cette pollution, les chercheurs conseillent d'aérer régulièrement la cuisine, en particulier lors de l'utilisation de ces appareils. En dernier ressort, il est également conseillé de passer à une installation électrique, bien moins polluante.

Article original publié sur BFMTV.com

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