Limiter la pollution amplifie temporairement le réchauffement

Les pollutions aux particules fines refroidissent le climat mais causent aussi des décès. Nous n'avons donc pas d'autre choix que de réduire les émissions d'aérosols atmosphériques, même si leur effet refroidissant s'amoindrit.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°928, daté juin 2024.

Les pollutions aux particules fines refroidissent le climat. De manière directe en faisant écran au rayonnement solaire, et indirecte en favorisant la formation de nuages ou en modifiant leurs propriétés optiques.

Un effet qui vient partiellement masquer le réchauffement

À l'échelle globale, cet effet est estimé à environ -0,4°C sur la dernière décennie et vient partiellement masquer le réchauffement de 1,5°C dû aux gaz à effet de serre (dont 0,8° C pour le CO2 et 0,5° C pour le méthane).

Mais la concentration des aérosols a considérablement baissé depuis la fin des années 1990 en Europe et en Amérique du Nord, grâce à des politiques publiques visant à améliorer la qualité de l'air. Et les pays d'Asie du Sud-Est, l'Inde et la Chine commencent aussi aujourd'hui à adopter de telles mesures répondant à des enjeux de santé publique.

Un "rattrapage" de réchauffement

De fait, environ 400.000 décès prématurés chaque année dans le monde seraient dus aux aérosols émis par les activités humaines. Pour ces raisons, nous n'avons pas d'autre choix que de réduire les émissions d'aérosols atmosphériques, même si leur effet refroidissant s'amoindrit.

Certaines régions comme l'Europe subissent dès lors un "rattrapage" de réchauffement, avec une hausse accentuée des chaleurs estivales observées depuis vingt ans environ. Pour écrêter ce réchauffement supplémentaire, il faudrait diminuer rapidement et à grande échelle les émissions de méthane, conformément aux accords de Glasgow de 2021, car les effets méthane-aérosols se compensent parfaitement. Mais objectivement, ça traîne !

Par Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, auteur principal du 6e rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), groupe 1. Et Céline Guivarch, directrice de recherche à l'École des ponts, auteure principale du 6e rapport du Giec, groupe 3.

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