Un policier insulte une femme victime d'agression sexuelle, le préfet demande sa suspension

Préfecture de Police de Paris (illustration)  - AFP
Préfecture de Police de Paris (illustration) - AFP

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C'est un document Mediapart, dévoilé ce mardi et confirmé par le service police-justice de BFMTV. Sur cet enregistement audio, tiré d'un message laissé apparemment involontairement sur son répondeur téléphonique, on entend un policier insulter - et à plusieurs reprises - une femme âgée de 34 ans qui venait de déposer plainte pour une agression sexuelle présumée, le 5 février dernier.

Celle-ci a d'ailleurs fait le déplacement elle-même ce mardi pour déposer une nouvelle plainte, cette fois pour "injures publiques à caractère sexiste".

"Condamnation ferme" de la préfecture

La préfecture de police a dans la foulée condamné fermement les propos tenus par le fonctionnaire, à travers un communiqué, et indiqué saisir l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) à ce sujet. La suspension de l'individu incriminé a été exigée par l'institution.

"Le préfet de Police condamne fermement les propos inadmissibles tenus par un fonctionnaire de police à l'égard d'une victime d'agression sexuelle dont il a pris connaissance", pose d'emblée ce texte publié ce mardi, enchaînant: "Le préfet de Police a immédiatement saisi l'IGPN et demandé la suspension à titre conservatoire du fonctionnaire."

"La préfecture de Police rappelle son plein engagement pour améliorer l'accueil et la prise en charge des victimes de violences conjugales et sexuelles dans l’ensemble des commissariats de son territoire. Aucun comportement offensant ou injurieux ne sera toléré de la part d’un fonctionnaire de police, vis-à-vis d’une victime", achève le communiqué.

Des faits survenus au début du mois

Ce dérapage est lié à des faits présumés survenus dans la nuit du 4 au 5 février. La jeune femme, enseignante, quitte une soirée dans un bar en compagnie d'une amie. Elles croisent bientôt un groupe d'hommes dans la rue et la victime présumée sent des attouchements contre son entrejambe.

La jeune femme ayant subi ce contact appelle les policiers qui se déplacent rapidement sur place. Elle dépose une plainte, que BFMTV a pu consulter. L'agresseur présumé est vite arrêté tandis que, comme le note Mediapart, une enquête en flagrance est ouverte.

Si la victime présumée se dit satisfaite de l'écoute trouvée alors lors de ces premières auditions, c'est l'appel d'un autre agent, le lendemain, sur son portable qui se trouve ici au centre de l'affaire.

3 minutes de propos orduriers

Le fonctionnaire de police, qui n'est donc pas celui qui avait initialement entendu la trentenaire, la contacte pour un complément d'information. Comme son interlocutrice ne répond pas, il lui laisse un message et pense raccrocher. Mais ce n'est pas le cas.

S'ensuit alors un enregistrement d'un peu plus de trois minutes dans lequel il moque d'abord - à l'évidence à l'adresse de ses collègues du commissariat des Ve et VIe arrondissements - une "plainte incompréhensible", s'étonne que la victime présumée refuse une confrontation avec son agresseur.

Puis, le discours du policier se fait nettement ordurier. "Ah, évidemment, elle refuse la confrontation. C’est vraiment une pute. Comme par hasard. Putain, elle refuse la confront’ en plus, la pute. Comme par hasard. En fait c’était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr", dit-il notamment.

Des insultes que la victime présumée a par conséquent choisi de dénoncer à travers une nouvelle plainte déposée ce mardi auprès de l'IGPN et qui pourraient donc bien valoir une suspension au policier.

Une étude accablante

Alors que la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes a été proclamée "grande cause nationale" par l'exécutif, cette affaire en illustre l'un des travers: le mauvais accueil souvent réservé aux plaignantes et régulièrement fustigé par les associations féministes.

Ainsi, parmi les témoignages émanant de 3496 personnes (dont 97% de femmes) relayés par une étude publiée au début de l'année 2021 par le collectif NousToutes, 66% d'entre elles estimaient avoir été mal reçues au moment de signaler les faits à la police.

Article original publié sur BFMTV.com