Sur ses liens avec la Russie, François Fillon se défend de toute ingérence

Francois Fillon a été auditionné ce mardi 2 mai par une commission d’enquête sur les ingérences étrangères sur ses liens avec la Russie
Francois Fillon a été auditionné ce mardi 2 mai par une commission d’enquête sur les ingérences étrangères sur ses liens avec la Russie

POLITIQUE - Une ingérence, quelle ingérence ? Ce mardi 2 mai, l’ancien Premier ministre François Fillon a été entendu à l’Assemblée nationale sur ses liens avec la Russie, objets d’une polémique après l’invasion de l’Ukraine. Une affaire dont l’ex-chef du gouvernement ne s’émeut pas. En retrait de la vie publique, il a fait savoir que « s’il avait envie de vendre des rillettes sur la place Rouge, il vendrait des rillettes sur la place Rouge ».

« Je n’ai de comptes à rendre à personne sur la manière dont je la conduis, dans le respect des lois de la République », a ainsi asséné François Fillon. « À partir du moment où j’ai quitté la vie publique - je veux le rappeler -, je suis une personne privée et je mène ma carrière professionnelle comme je l’entends », a-t-il encore assumé devant les députés réunis au sein d’une commission d’enquête sur les ingérences étrangères, à l’initiative du RN.

Après avoir quitté la vie politique à la suite de la présidentielle de 2017, François Fillon a travaillé dans le privé et rejoint deux sociétés russes : Zarubeshneft (dans le secteur des hydrocarbures) en juillet 2021 et Sibur (dans la pétrochimie) en décembre de la même année.

Un « savoir-faire » et une « expérience », mais pas un agent d’influence

Mais en février 2022, le début de la guerre en Ukraine - et une polémique montante en pleine campagne présidentielle - l’ont forcé à démissionner. L’ancien Premier ministre a assuré s’être « trompé » sur les intentions du président russe. Mais cette explication ne l’a donc pas empêché d’être convoqué à cette commission par le Rassemblement national, lequel parti d’extrême droite tente par ce biais de couper court aux accusations faisant de lui un agent de l’influence russe en France.

« Cette idée que, parce que j’ai été Premier ministre, je n’ai plus le droit d’avoir quelques activités professionnelles que ce soit, ça n’est pas acceptable », s’est défendu François Fillon qui a au contraire fait valoir « une expérience, un savoir-faire » intéressant pour les entreprises. « La question que vous êtes fondé à me poser, c’est de savoir si c’est un cas d’ingérence étrangère ou pas (ses emplois en Russie auprès d’entreprises proches du Kremlin, ndlr). Et moi je vous réponds non », a-t-il assuré. Et de l’étayer avec trois arguments.

« La première raison, c’est que c’est moi qui suis allée en Russie pour développer mes activités professionnelles, avant la déclaration de la guerre. Et donc, ce ne sont pas les Russes qui sont venus me chercher. La deuxième raison, c’est que les entreprises dans lesquelles j’ai accepté de siéger sont des entreprises pour lesquelles il n’y a pas de relations stratégiques avec la France », a-t-il développé. Avant d’asséner son troisième argument : « Mon parcours montre que je ne suis pas sensible aux ingérences étrangères », assure-t-il. Un point sur lequel « il faudra le croire sur parole ».

« Des ingérences étrangères, la plupart du temps » des États-Unis

François Fillon ne dément d’ailleurs pas l’existence des ingérences. Mais selon lui, elles ne sont pas uniquement du ressort de la Russie. « Des ingérences étrangères, oui, j’en ai rencontré. La plupart du temps, elles venaient d’un pays ami et allié qui s’appelait les États-Unis. J’ai été écouté avec le président Sarkozy pendant cinq ans par la NSA », a-t-il affirmé en référence à l’Agence de sécurité nationale américaine.

François Fillon a aussi mentionné « l’espionnage chinois » ou d’éventuelles « ingérences venant de pays comme la Turquie, le Maroc, l’Algérie qui donnent directement des consignes de votes au moment des élections françaises par l’intermédiaire de responsables religieux », a-t-il encore affirmé. En revanche, lui n’a « pas été confronté directement aux ingérences russes », a-t-il assuré, tout en convenant qu’« il y en a ».

Devant les députés, François Fillon a en outre assumé une proximité avec la Russie et une vision « gaulliste » des relations entre Paris et le Kremlin. « Ma conviction sur la nécessité d’une relation réaliste entre la France et la Russie ne date pas de l’époque où j’ai siégé dans les Conseils d’administration. Elle a commencé en 1986, à l’époque où la Russie s’appelait l’URSS. Personne ne peut espérer me faire changer d’avis, d’une manière ou d’une autre, à cette occasion », a-t-il martelé.

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