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Pour les « licornes », la fin de l’argent facile a sonné

Bureau de la start up Dream Quark, Kwerk rue de Courcelles - La start up en forte expansion a pu louer un nouvelle espace pour son équipe marketing, sans avoir à déménager. Tous les bureaux sont montés sur pneumatiques, ce qui permet de travailler debout dès qu'on le souhaite (à droite), idéal pour le dos.

ENTREPRISE - Depuis quelques mois, les start-up manquent de ventoline. Vagues de licenciements fracassantes - Amazon, Twitter, Meta, etc. - ou silencieuses… Avec la fin de l’argent facile, on ne compte plus les pépites et les jeunes pousses de la Tech qui trinquent.

Start-ups au bord de la crise de performance

De leurs velléités d’hypercroissance, la majorité des start-up en France (nos entreprises innovantes de la Tech) sont soudainement passées en mode Hunger Games. Pour survivre, elles ont changé en catastrophe de paradigme. Et pourtant, de tous les côtés, ça coince… Les start-up qui ont fait le pari de la levée de fonds (une technique de financement qui consiste à faire entrer des investisseurs dans le capital social d’une société) plutôt que celui de la rentabilité vivent un lendemain de cuite. Avec la remontée des taux et la fin de l’argent facile, certaines doivent à présent licencier massivement pour assainir leurs comptes bancaires.

La fin de « Qui veut gagner des millions ? »

C’est la dure loi de l’économie. Il n’y a pas de miracle. Ni de perpétuelle croissance. Du coup, la situation vécue par nos entreprises innovantes était sans doute un peu prévisible… Mais destructrice en termes de temps, de valeur et d’humanité.

Je m’explique : les start-up qui lèvent plusieurs millions d’euros grâce à des investisseurs externes cherchent un maximum de croissance rapide, et pour ce faire recrutent massivement. Pour 200 recrutements réels, les start-up optent souvent pour 400 et en sortent la moitié en période d’essai car il n’y a pas assez de temps et de managers formés au recrutement pour bien faire. En cas de coup de grisou économique, elles rééquilibrent à la machette leurs finances en virant à tour de bras. Quelques mois plus tard, en cas d’embellie, elles réembauchent à nouveau 500 personnes pour en garder 300…

Peut-on encore choisir ces modèles de croissance - violents coups d’accordéon - dans une époque où tout le monde revendique désormais une économie durable ? À quel futur nous destinent-ils ? Quelle est la responsabilité des entrepreneurs dans le façonnement du monde économique et social de demain ?

Marge ou crève

Ma conviction, c’est qu’il est plus sain, économiquement et humainement, de viser la rentabilité pour financer sa croissance plutôt que l’inverse. La rentabilité, c’est de la création de valeur pour tous (clients, salariés, actionnaires) et la promesse d’une santé solide pour l’entreprise.

Sans condamner la levée de fonds comme le mal absolu, le recours systématique à ce type de financement en début de course met à mal une économie déjà fragile, où le château de cartes s’écroule au premier coup de vent du marché - comme en ce moment.

Pourtant, un autre modèle est possible

Celui de la croissance rentable et durable, donc forcément progressive, dans laquelle lever sert uniquement à financer l’investissement sur le futur. Moins glamour, mais assurément plus robuste et responsable. Cela oblige les entreprises et les investisseurs à conserver les pieds sur terre tout en pariant ou misant sur une ambition forte.

On ne peut bâtir l’économie de demain sur un salarié « jetable ». Il est urgent d’intégrer l’impact sociétal et humain dans toute réflexion. Pour un capitalisme citoyen, durable, où l’on ne gâche ni l’argent, ni les gens.

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