En Libye, la Russie orchestre la corruption et en profite

L’incertitude et le risque d’embrasement planent en Libye, un pays divisé entre deux gouvernements, l’un à l’est, l’autre à l’ouest, qui se disputent la légitimité. La récente démission d’Abdoulaye Bathily, le chef de la mission de l’ONU en Libye, a mis à nu le népotisme et la corruption au sein de la classe politique dirigeante à l’est comme à l’ouest, explique le magazine américain Newsweek, dans un article d’opinion.

“Depuis plus d’une décennie maintenant, et particulièrement au cours des dix-huit derniers mois, les élites politiques de tous bords ont travaillé ensemble pour se partager les institutions de la Libye, les budgets, ainsi que toutes sortes de fiefs du marché noir”, commente l’autrice de l’article, chercheuse au think tank américain Atlantic Council.

Le quotidien The Globe and Mail rapporte ainsi comment deux hommes ont été démasqués par la police canadienne le 23 avril alors qu’ils jouaient les entremetteurs en vue d’exporter des millions de barils de pétrole brut libyen vers la Chine, en échange de pots-de-vin de plusieurs millions de dollars.

Forte implication russe

Dans cette course au pillage de la Libye, la Russie semble être en tête de peloton. Depuis des mois, le Kremlin renforce sa présence dans le pays en y faisant débarquer des soldats et des équipements militaires, allant des radars aux chars T-72.

Pour la seule journée du 8 avril, un navire escorté par la marine russe aurait accosté au port de Tobrouk, où une base navale russe a été récemment installée, avec à son bord “6 000 tonnes d’équipements”, relate The Times. Un arsenal qui permet à la Russie de faire de la Libye une tête de pont pour “accroître ses opérations d’approvisionnement [] vers et depuis ses alliés sur le continent africain”, analyse Newsweek.

Détournement de pétrole raffiné

En outre, la Russie “peut utiliser la corruption rampante au sein du secteur pétrolier libyen pour financer ses opérations”. Elle participerait ainsi activement à la corruption en Libye, notamment en aidant le général Haftar, qui domine l’est du pays, “à imprimer en grandes quantités des billets de 50 dinars [9,60 euros] contrefaits, que le Groupe Wagner peut convertir en dollars sur le marché noir libyen pour financer ses activités en Afrique subsaharienne.” Les combattants du Groupe Wagner seraient également “personnellement impliqués dans la contrebande de carburant” qui sévit dans le pays.

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