La Libye en pleine fragmentation

Après l’attentat contre l’école de formation des gardes-côtes à Zliten, qui a fait au moins 65 victimes, le 7 janvier.

Depuis la chute de Kadhafi, le pays est coupé en deux, en quête d’un impossible gouvernement d’union nationale, l’EI profitant de la vacance du pouvoir pour s’implanter.

En quarante-huit heures, du 7 au 8 janvier, la Libye a offert un condensé de cinq ans de débâcle. 7 janvier à 8 h 30 : au volant d’un camion-citerne d’eau, un kamikaze de l’organisation Etat islamique (EI) se fait exploser dans l’école de formation des gardes-côtes de la ville de Zliten, dans l’ouest du pays. Avec au moins 65 victimes, il s’agit de l’attaque la plus meurtrière depuis 2011. Le même jour, une voiture piégée explose à un barrage de Ras Lanouf, à l’est. L’opération est également revendiquée par l’EI.

Par ce double attentat, le groupe terroriste prouve qu’il peut frapper en même temps les deux autorités rivales, celle de Tripoli à l’ouest et celle de Tobrouk à l’est. Avec son fief de Syrte acquis en février, le mouvement jihadiste est à moins de 200 km des principaux terminaux pétroliers d’As-Sidra et de Ras Lanouf. S’il semble que l’Etat islamique ne soit pas en capacité de déloger les gardes des sites pétroliers du chef militaire Ibrahim Jedran, l’attaque du 7 janvier montre qu’il peut endommager les infrastructures pétrolières. A Zliten, la cible n’a pas été choisie par hasard non plus. Les garde-côte ont pour rôle, entre autres, de surveiller l’arrivée de marchandises illégales, notamment les armes destinées au port de Syrte. Après cette journée sanglante, Martin Kobler, le chef de la mission de l’ONU en Libye (UNSMIL), a exhorté Tripoli et Tobrouk à cesser leur division : «La Libye ne peut se permettre de rester divisée face à une telle menace terroriste.»

Bunkeriser. Depuis l’été 2014, le pays est politiquement scindé : d’un côté, le Congrès général national (CGN) de Tripoli aux mains des islamistes conservateurs soutenus par les brigades révolutionnaires les plus dures ; de l’autre, la Chambre des représentants de Tobrouk, modérée, et alliée à des anciens kadhafistes. En (...)

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