Libye : permis de tuer ?

Sauvetage de migrants par SOS Méditerranée au large de la Libye, en mai 2016.

Le pays vient d’interdire ses côtes à tout navire étranger. Une décision qui vise à criminaliser l’action des ONG, à les réduire à l’inaction et à laisser les migrants se noyer sans témoins, selon le journaliste, écrivain et réalisateur Jean-Paul Mari.

La décision est sans précédent. La Libye vient d’annoncer, le 10 août, qu’elle interdit tout navire étranger près de ses côtes. Elle crée – sinistre farce – une «zone de recherche et de sauvetage» où les navires ne pourront pas pénétrer sans autorisation, voire sans «demande expresse» des autorités libyennes, en particulier pour les bateaux des «ONG qui prétendent vouloir sauver les migrants». Le commandant de la base navale de Tripoli qui a fait cette martiale annonce s’irrite de ceux qui «manquent de respect aux garde-côtes et à la marine libyenne»

En clair, la Libye interdit aux ONG de travailler dans cette région de la Méditerranée, bien au-delà de la limite des 12 milles de ses eaux territoriales. Jusqu’où ? Elle ne le dit pas. Et s’octroie le droit d’aller arraisonner des bateaux étrangers dans les eaux internationales. Déni de droit.

Pour mémoire, tous les observateurs savent que les garde-côtes libyens n’ont rien à voir avec leurs homologues européens, qu’ils sont souvent constitués de simples milices brutales et corrompues. Leurs «sauvetages» consistent pour l’essentiel – quand ils n’ont pas été assez soudoyés par les passeurs à terre – à aborder les radeaux pneumatiques, à rafler hommes, femmes et enfants et à les ramener vers les prisons de Tripoli où ils sont battus, violés, rançonnés et doivent payer – encore ! – pour pouvoir avoir le droit de se retrouver en enfer.

Tous les rescapés l’attestent, la Libye est un cauchemar pour les migrants, surtout s’ils sont noirs et chrétiens. A un médecin humanitaire qui demandait à un naufragé pourquoi il était dans cet état et de quoi il souffrait, un migrant a répondu : «J’ai mal à la Libye.» Humiliations, exploitation, tortures, viols, hommes et femmes, tous ont vécu (...)

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