Libye : avec 10 000 disparus, la crainte d’un bilan catastrophique après les inondations

LIBYE - Après la Grèce, la Turquie et la Bulgarie, la Libye est frappée à son tour par la tempête Daniel. Le premier bilan de 150 morts dans les inondations qui ont dévasté une partie du pays semblait bien sous-évalué, alors que la Croix Rouge a craint ce mardi 12 septembre un nombre « énorme » de morts.

« Nous n’avons pas de chiffres définitifs » du nombre de décès, a indiqué Tamer Ramadan, membre de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), lors du point de presse régulier de l’ONU à Genève, soulignant que « le nombre de disparus est proche de 10 000 ».

En début d’après-midi, pour la seule ville de Derna, dans l’Est du pays, un bilan d’au moins plus de 2 300 morts a été communiqué par le porte-parole des services de secours relevant du gouvernement de Tripoli internationalement reconnu. Il faut y ajouter 7 000 blessés et plus de 5 000 personnes encore disparues.

Trois volontaires du Croissant-Rouge libyen sont par ailleurs morts en aidant des victimes.

De son côté, la France « se tient prête à répondre aux demandes qui lui seront adressées par les autorités libyennes », a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Anne-Claire Legendre lors d’un point presse ce mardi. « Des moyens sont mobilisés pour apporter une aide d’urgence aux populations sinistrées, en appui des efforts libyens sur le terrain et en coordination avec les Nations unies », a-t-elle ajouté.

Qualifiée par les experts de phénomène « extrême en termes de quantité d’eau tombée », la tempête Daniel a déjà fait au moins 27 morts ces derniers jours en Grèce, Turquie et Bulgarie.

Daniel a frappé l’est de la Libye dimanche après-midi, notamment les villes côtières du Jabal al-Akhdar mais également Benghazi où un couvre-feu a été décrété et les écoles fermées.

L’est du pays abrite les principaux champs et terminaux pétroliers. La Compagnie nationale de Pétrole (NOC) a décrété « l’état d’alerte maximale » et « suspendu les vols » entre les sites de production où l’activité a été drastiquement réduite.

Des équipes de secours ont été dépêchées dimanche à Derna, une ville située à 900 km à l’est de Tripoli et 300 km à l’est de Benghazi a été partiellement détruite lors des violents affrontements en 2018 entre les forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, et des groupes islamistes radicaux qui contrôlaient la ville.

Derna, ville de 100 000 habitants « sinistrée »

Avec une population de plus de 100 000 habitants, la ville côtière est traversée par un oued qui se déverse dans la Méditerranée et qui a débordé à cause de la tempête sur une cinquantaine de mètres de chaque côté, emportant immeubles et maisons sur son passage, selon des vidéos diffusées par les médias.

Plus tôt lundi, avant de se rendre avec ses ministres sur place, le chef de l’exécutif dans l’Est de la Libye, Oussama Hamad, a déclaré Derna « ville sinistrée ». Des centaines d’habitants y sont toujours bloqués dans des zones difficiles d’accès alors que les équipes de secours, épaulées par l’armée, tentent de leur venir en aide.

Des images tournées par les habitants des villes de l’est comme Derna, al-Bayda et de petites localités, montrent d’impressionnantes coulées de boue et des quartiers entiers sous l’eau, ainsi que des routes et bâtiments effondrés.

Un responsable du conseil municipal de Derna a qualifié la situation dans sa ville de « catastrophique », « hors de contrôle » et nécessitant une « intervention nationale et internationale », dans des déclarations à la chaîne locale Libya al-Ahrar.

Lundi, le chef du Conseil Présidentiel (CP) Mohamad al-Manfi a appelé à une « aide des pays frères et amis et les organisations internationales » et a déclaré officiellement les villes de Derna, Shahat et al-Bayda dans l’est de la Libye une « zone sinistrée », selon un communiqué sur Facebook.

Il a fait état de l’effondrement de quatre ponts principaux et deux immeubles ainsi que des deux barrages de la ville.

Lors d’un conseil des ministres extraordinaire diffusé en direct à la télévision lundi, « trois jours de deuil national » ont été annoncés.

La mission de l’ONU en Libye a dit « suivre de près la situation d’urgence », et le président français Emmanuel Macron a exprimé sa « solidarité avec le peuple libyen ».

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