La liberté, pour quoi faire ?

Le Conseil d'État enjoint l'Arcom de contrôler l'orientation de CNews. © Jean-Marc Barrère / Hans Lucas via Reuters Connect  - Credit: Jean-Marc Barrère / Hans Lucas via Reuters Connect
Le Conseil d'État enjoint l'Arcom de contrôler l'orientation de CNews. © Jean-Marc Barrère / Hans Lucas via Reuters Connect - Credit: Jean-Marc Barrère / Hans Lucas via Reuters Connect

Si l'atrophie des sens est un signe avant-coureur du déclin, nous avons de quoi nous inquiéter. Car le goût de la liberté, en France en particulier, se perd doucement. Cette atonie se manifeste par une relative indifférence aux combats qui se déroulent ailleurs, celui des Ukrainiens, celui des Iraniennes, ou celui, hélas perdu, des Hongkongais. Elle transparaît aussi dans ces petits renoncements successifs à des principes autrefois cardinaux et que nous n'avons plus vraiment la force de défendre : la liberté d'expression, par exemple, en pleine « arcomisation ».

« La liberté, pour quoi faire ? » Ce mot cynique et lapidaire de Lénine est aussi le titre d'un formidable petit livre qui vient de sortir chez Payot au format poche et composé de conférences données peu de temps avant sa mort par Georges Bernanos (1). Un texte qui éclaire notre époque d'une cruelle lumière : « La pire menace pour la liberté n'est pas qu'on se la laisse prendre – car qui se l'est laissé prendre peut toujours la reconquérir –, c'est qu'on désapprenne de l'aimer, ou qu'on ne la comprenne plus. »

Une poutinisation de l'information au nom du Bien

Il est difficile de ne pas voir un cas d'école de cet affaissement dans la mollesse des réactions face à la récente décision du Conseil d'État ordonnant à l'Arcom – qui s'y refusait – de contrôler, au-delà du décompte des invités politiques, l'orientation de CNews. Par ricochet, toutes les autres radios et télévisions privées se retrouveront sous [...] Lire la suite