Liban : Israël tue 6 personnes dont le numéro 2 du Hamas dans une frappe dans la banlieue de Beyrouth

Ce mardi 2 janvier, l’un des plus hauts responsables du Hamas, Saleh al-Arouri, a été tué en banlieue de Beyrouth, au Liban après une frappe de drone israélienne.
- / AFP Ce mardi 2 janvier, l’un des plus hauts responsables du Hamas, Saleh al-Arouri, a été tué en banlieue de Beyrouth, au Liban après une frappe de drone israélienne.

PROCHE-ORIENT - C’est une frappe qui fait encore un peu plus craindre une contagion du conflit israélo-palestinien au reste de la région. Plusieurs personnes ont été tuées ce mardi 2 janvier dans la banlieue de Beyrouth, au Liban, après une frappe de l’armée israélienne contre un bureau du Hamas. Le numéro 2 du bureau politique du mouvement islamiste, Saleh al-Arouri, a été tué, selon des responsables libanais.

C’est l’Agence de presse nationale, la NNA, qui a livré le premier bilan de cette frappe de drone israélienne. « Quatre personnes sont tombées en martyrs et plusieurs autres ont été blessées lorsque le bureau du Hamas a été pris pour cible », a-t-elle expliqué, précisant que l’attaque a eu lieu à Dahiyeh, dans la banlieue sud de la capitale libanaise, fief du Hezbollah, mouvement local allié du Hamas palestinien. Dans la foulée, la télévision officielle du Hamas a confirmé l’information, dénonçant « l’assassinat » de Saleh al-Arouri, exilé au Liban depuis des années.

Un peu plus tard, le bilan a été rehaussé à six morts, comme l’a annoncé l’Agence nationale d’information libanaise (Ani).

Auprès de l’AFP, des responsables libanais ont expliqué que le numéro 2 du Hamas, membre fondateur de la branche armée du mouvement en Cisjordanie, avait été tué en compagnie de ses gardes du corps. D’autres responsables des brigades al-Qassam, les forces armées du Hamas, pourraient faire partie des victimes.

Comme le relatent les Britanniques du Guardian, Saleh al-Arouri pourrait s’être trouvé sur place pour rencontrer des responsables du Hezbollah. L’Ani a d’ailleurs confirmé qu’« une réunion des formations palestiniennes se tenait » dans le bâtiment visé par la frappe.

Une cible prioritaire pour Israël

Saleh al-Arouri avait été menacé de mort par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu bien avant l’offensive du 7 octobre contre l’État hébreu, rappelle d’ailleurs l’agence Associated Press. Puis dans la foulée de l’attaque du Hamas, Netanyahu avait aussi demandé à son armée et aux services secrets d’assassiner les dirigeants du Hamas, « où qu’ils se trouvent », explique aussi le Guardian. Considéré comme l’un des hommes les plus recherchés par les services de renseignements israéliens, il faisait aussi l’objet de sanctions américaines et a passé au total près de 20 ans dans des prisons israéliennes.

D’un point de vue politique, al-Arouri a contribué à plusieurs événements majeurs pour le camp palestiniens, œuvrant notamment à la réconciliation avec le Fatah, un mouvement à l’origine rival du Hamas, et négociant la libération de plus d’un millier de prisonniers contre la vie de Gilad Shalit, un soldat israélien pris en otage en 2011. D’après Israël, il était en outre l’un des architectes des attaques de plus en plus fréquentes contre la population juive en Cisjordanie.

Après la frappe, le Hamas a assuré que sa « résistance » ne plierait pas face à Israël en dépit de la perte de son responsable. « Les lâches assassinats menés par l’occupant sioniste contre les leaders et symboles de notre peuple palestinien à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine, ne parviendront pas à briser la volonté et la résilience de notre peuple, ni à entraver la poursuite de sa vaillante résistance », a déclaré Ezzat al-Rishq, membre du bureau politique du Hamas, dans un communiqué. «

 Un mouvement dont les leaders et les fondateurs tombent en martyrs pour la dignité de notre peuple et de notre nation, ne sera jamais vaincu », a-t-il ensuite appuyé dans une allocution télévisée. De son côté, le Hezbollah a affirmé dans un communiqué que « le crime que constitue l’assassinat de Saleh al-Arouri au coeur de la banlieue sud de Beyrouth est une grave agression contre le Liban (...) et ne restera pas sans riposte ou impuni ».

Un « crime israélien » qui risque d’entraîner le Liban dans la guerre

De son côté, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a dénoncé le « crime israélien » que représente la frappe commise sur son sol. Dans un communiqué, le chef du gouvernement a ainsi estimé que « ce nouveau crime israélien vise à entraîner le Liban dans une phase de confrontation » avec Israël. Les affrontements entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais étaient jusque-là limités aux zones frontalières dans le sud du Liban. Beyrouth s’apprête par conséquent à déposer une plainte officielle à l’ONU, fustigeant de « nouvelles violations israéliennes de la souveraineté du Liban ».

En fin d’année dernière, le Hezbollah avait déjà mis en garde Israël au sujet de frappes sur le sol libanais, menaçant l’État hébreu d’une réponse forte.

Pour l’heure, les autorités israéliennes n’ont pas communiqué sur cette frappe, ni revendiqué aucune responsabilité. Sans reconnaître d’implication de l’État hébreu, Mark Regev, un conseiller de Benjamin Netanyahu, a déclaré sur la chaîne d’information américaine MSNBC qu’il ne s’agissait « pas d’une frappe contre l’État libanais... Celui qui a fait ça a réussi une frappe chirurgicale contre les dirigeants du Hamas. » D’après les informations du Washington Post, les autorités américaines ont en tout cas conclu qu’Israël était bel et bien responsable de l’attaque.

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