Libération au Pakistan du "cerveau" présumé des attentats de Bombay

Le dirigeant islamiste, Hafiz Saeed, accusé par l'Inde et les Etats-Unis d'être l'organisateur des attentats qui ont fait 166 morts en 2008 à Bombay en Inde, a été libéré, a-t-on appris vendredi auprès de son mouvement, le Jamaat-ud-Dawa (JuD). /Photo prise le 22 novembre 2017/REUTERS/Mohsin Raza

ISLAMABAD (Reuters) - Le dirigeant islamiste accusé par l'Inde et les Etats-Unis d'être l'organisateur des attentats qui ont fait 166 morts en 2008 à Bombay en Inde, a été libéré, a-t-on appris vendredi auprès de son mouvement, le Jamaat-ud-Dawa (JuD).

Hafiz Saeed a aussitôt qualifié de "traître" l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, lui reprochant de chercher à faire la paix avec l'Inde, qu'il a accusée d'avoir orchestré son arrestation.

Hafiz Saeed était en résidence surveillée depuis janvier dernier, après avoir vécu pendant des années au Pakistan sans être inquiété par la justice, au grand dam de New Delhi et de Washington, qui ont exprimé leur "préoccupation" à l'annonce de sa remise en liberté.

"Le gouvernement pakistanais doit s'assurer qu'il sera arrêté et inculpé pour ses crimes", a déclaré la porte-parole du département d'Etat américain, Heather Nauert.

Le gouvernement de la province du Pendjab avait demandé la prolongation de son assignation à résidence pour 60 jours mais la justice a rejeté cette demande cette semaine, estimant qu'aucune preuve de sa culpabilité n'avait été apportée.

Hafiz Saeed nie toute responsabilité dans l'attaque menée par un commando de dix hommes contre deux hôtels de luxe, un centre culturel juif et une gare de chemin de fer à Bombay en 2008. Le massacre avait duré plusieurs jours. Des Américains figuraient parmi les victimes.

"Je suis heureux qu'aucune allégation à mon encontre n'ait été prouvée", a déclaré l'islamiste après sa libération, selon une vidéo diffusée par le JuD, l'organisation caritative qu'il dirige.

Les Etats-Unis, qui considèrent que le JuD est une vitrine du groupe armé pakistanais Lashkar-e-Taiba (LeT), classé sur la liste des organisations terroristes, ont offert une récompense de 10 millions de dollars (8,5 millions d'euros) pour sa capture. Le LeT a été interdit par les autorités pakistanaises en 2002.

Le JuD a lancé un nouveau parti politique pendant la détention de son dirigeant, la Ligue musulmane Milli (MML), qui a remporté des milliers de voix lors d'élections partielles.

Selon de hauts responsables du gouvernement et des officiers à la retraite, la MML a l'appui de la puissante hiérarchie militaire.

Hafiz Saeed fait campagne depuis des années en faveur des séparatistes musulmans du Cachemire indien, un territoire revendiqué par Islamabad. L'Inde accuse le Pakistan de soutenir les groupes armés séparatistes, ce qu'Islamabad dément.

(Asif Shahzad et Mubasher Bukhari, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)