L'IA se prépare pour aller à la guerre

Le gouvernement français a dévoilé un ambitieux programme d'intelligence artificielle de défense. Avec le risque que l'armée dépende de plus en plus des machines pour engager ses troupes et son matériel.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°928, daté juin 2024.

"Les armées doivent prendre le virage de l'intelligence artificielle !", lançait le ministre des Armées Sébastien Lecornu le 8 mars à l'École polytechnique, annonçant la création d'une nouvelle Agence ministérielle pour l'IA de défense (Amiad). Son but : renforcer les équipements de l'armée (avions Rafale et canons Caesar, entre autres) et aider les états-majors dans la planification d'opérations, notamment grâce à un supercalculateur classifié, le premier en Europe selon le ministère.

"La France est en train de faire un effort important dans le domaine de l'IA de défense", estime Lance Hunter, professeur de relations internationales à l'Université d'Augusta (États-Unis), spécialiste de l'utilisation de l'IA par les armées des grandes puissances militaires. Avec un budget de 300 millions d'euros par an (pour un total de 2 milliards d'ici à 2030), le pays ambitionne d'entrer dans le top 3 mondial de l'IA militaire.

"L'humain pourrait devenir le maillon faible"

Ailleurs aussi, les armées recourent de plus en plus à ces technologies. "Les États-Unis disposent par exemple de systèmes qui simulent une frappe de missile et estiment les dommages collatéraux pour aider à prendre des décisions", révèle Michael Mayer, conseiller à l'Institut de recherche de la Défense norvégienne (FFI). Et il est probable que cette utilisation gagne en importance.

"Certains experts estiment que dans le futur, le nombre de missiles et de drones présents en même temps dans l'espace de la bataille sera tellement élevé qu'il dépassera les capacités de la cognition humaine. Un humain ne pourra plus faire les arbitrages nécessaires à temps et devra déléguer cette responsabilité à la machine, poursuit Michael Mayer. L'humain pourrait devenir le maillon faible dans la boucle de prise de décisions militaires." Une situation connue sous le nom d'hyper-guerre (hyperwar), où l'IA mène des batailles de très haute[...]

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