L'exposition d'une toile de Van Gogh dans l'auberge où il est mort annulée sous la pression des assurances

Dernière demeure de Vincent Van Gogh, l'auberge Ravoux située à Auvers-sur-Oise (Val-d'Oise), rêvait d'accueillir pour les 170 ans de la naissance du peintre hollandais une de ses toiles.

Tout était prêt pour l'occasion. L'œuvre Le Jardin à Auvers, qui ne sort que rarement de son coffre-fort, devait faire un arrêt dans la commune d'Île-de-France, avant de s'envoler pour Amsterdam au musée Van Gogh, et revenir au musée d'Orsay à Paris en octobre prochain, dans le cadre de l'exposition Van Gogh à Auvers-sur-Oise.

Mais comme le relate Le Parisien ce jeudi, c'était sans compter sur les éternelles exigences des assureurs et des courtiers, qui gèrent temporairement le tableau depuis la mort récente de son propriétaire.

Une exposition annulée avec "brutalité"

Alors que le tableau devait atterrir le 27 février dernier dans la chambre de l'auberge où Van Gogh est mort, sa venue a été annulée à la dernière minute. Et ceci malgré les précautions prises par Dominique Charles Janssens, propriétaire de l'auberge Ravoux depuis 1987, qu'il a transformée en musée.

"La brutalité avec laquelle l'exposition a été annulée nous est extrêmement préjudiciable et est difficile à digérer", relate auprès de nos confrères du Parisien cet ancien dirigeant de Danone.

D'autant que dans l'optique de l'exposition, des portes blindées ont été achetées, ainsi que des caméras de surveillance, pour un total de plus de 400.000 euros de dépenses.

Exposer dans la dernière demeure du peintre une de ses toiles constituait le rêve de Dominique Charles Janssens. En 2021 déjà, dans les colonnes des Échos, il détaillait son but ultime:

"Réaliser le rêve de Van Gogh qui écrivait à son frère Théo: 'Un jour, je trouverai le moyen de faire une exposition dans un café'".

Un tableau vendu 108 millions de dollars en 2022

Car bien qu'il soit aujourd'hui quasi unanimement reconnu comme l'un des plus grands artistes de tous les temps, Van Gogh a vécu dans la misère et dans un relatif anonymat. Un seul de ses tableaux a été vendu de son vivant, La vigne rouge, cédée pour 400 francs à Anne Boch, peintre et mécène belge.

Depuis sa mort, la dynamique s'est néanmoins accélérée à une vitesse fulgurante. L'œuvre de Vincent Van Gogh est aujourd'hui l'une des mieux cotées au monde. Le 10 novembre 2022, son tableau Verger avec cyprès s'est vendu pour 108 millions d'euros lors d'une vente aux enchères, un record pour l'artiste.

Une valeur qui peut expliquer les réticences des assureurs et des courtiers à exposer le tableau dans l'auberge Ravoux, malgré les précautions prises par son propriétaire.

Une telle démarche aurait cependant fait sens artistiquement. C'est à Auvers-sur-Oise que Vincent Van Gogh a passé les 70 derniers jours de sa vie, du 20 mai au 29 juillet 1890, et c'est également là qu'il est enterré aux côtés de son frère Théo.

Dans cette commune, au sommet de sa maîtrise artistique, il déborde de créativité et s'adonne à dépeindre la vie paysanne, les champs ou encore l'église communale. Il peindra durant cette période plus de 70 tableaux, avant de mourir des suites d'une blessure par balle qu'il se serait infligée à la poitrine.

Une histoire du tableau tumultueuse

Après cet échec, Dominique Charles Janssens déclare au Parisien qu'il est de "nature optimiste", et qu'il continuera à tenter de réaliser son rêve, maintenant que son auberge est "tout à fait prête à accueillir un tableau".

Cette séquence vient en tout cas s'ajouter à l'histoire déjà tumultueuse du tableau Le jardin à Auvers. Achetée pour environ 160.000 euros en 1955 par le collectionneur Jacques Walter, l'œuvre avait été classée par le ministère de la Culture français, afin d'empêcher la toile de sortir du territoire français, comme le relate un article du Monde. En 1996, la justice avait condamné l'État a versé 23,03 millions d'euros au collectionneur en guise de dédommagements.

En 1992, la toile avait ensuite été vendue pour 9,41 millions d'euros au banquier Jean-Marc Vernes. Mais à la mort de ce dernier, des doutes avaient émergé dans la presse sur l'authenticité de la toile. Ce n'est que le 25 juin 1999 que le laboratoire des Musées de France avait définitivement attribué la toile à la main de Van Gogh.

Article original publié sur BFMTV.com