Sur l'Everest, le plus haut laboratoire scientifique au monde

Une expédition composée de géologues, météorologues, géographes a gravi le plus haut sommet au monde afin d'étudier la fonte des glaces causée par le changement climatique.

Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir - La Recherche n°891 daté mai 2021.

Le ciel est noir d'encre, le vent glacial, lorsque Khim Lal Gautam pose son pied au sommet de l'Everest, le 22 mai 2019, à 3 heures du matin. C'est la deuxième ascension du plus haut sommet du monde pour le géomètre népalais. Mais cette fois, l'exploit est chargé d'ambitions scientifiques et politiques : le Népal veut mesurer le toit du monde depuis son versant sud - l'Everest étant à cheval sur la frontière sino-népalaise. Les scientifiques ont décidé cette ascension nocturne afin de ne pas être dérangés par d'autres grimpeurs. 40 kg d'instruments ont été hissés à dos d'homme. Les quatre chercheurs vont survivre près de deux heures dans la "zone de la mort" - au-delà de 8000 mètres - baptisée ainsi en raison de la raréfaction de l'oxygène, qui peut être létale. Ils vont y enregistrer des données radar et de géolocalisation afin de déterminer avec une précision inédite la hauteur du toit du monde. Une expérience à haut risque : Khim Lal Gautam y perdra un orteil, définitivement gelé, et l'un de ses compagnons, à court d'oxygène, frôlera la mort.

L'Everest - connu sous le nom de Sagarmatha au Népal et de Chomo Lungma au Tibet - est considéré comme le plus haut sommet du monde depuis 170 ans grâce aux méthodes développées par le Britannique George Everest. Son altitude est établie depuis les années 1950 à 8848 mètres. Mais certains scientifiques pensaient que le puissant tremblement de terre de 2015 avait pu raboter la montagne. Pour trancher le débat, les Népalais ont monté cette mission sur deux ans. Entre-temps, l'affaire avait pris une tournure politique, la Chine, dont l'influence au Népal se compte en centaines de millions d'euros d'aides, ayant convaincu le gouvernement népalais d'annoncer de manière conjointe la nouvelle hauteur de l'Everest après une expédition chinoise côté tibétain. Le 27 mai 2020, sur un versant déserté pour cause de pandémie, huit chercheurs chinois on[...]

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