L'Europe plonge à nouveau face aux craintes sur le coronavirus

LES PRINCIPALES BOURSES EUROPÉENNES OUVRENT EN FORTE BAISSE

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes accusent une nouvelle séance de forte baisse jeudi alors que les nouveaux cas de coronavirus en dehors de la Chine continuent d'augmenter, faisant craindre des répercussions plus importantes que prévu sur la croissance mondiale.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 1,71% à 5.587,3 points vers 9h20 GMT. À Francfort, le Dax baisse de 1,75% et à Londres, le FTSE recule de 1,49%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro recule de 1,8%, le FTSEurofirst 300 de 1,59% et le Stoxx 600 de 1,8%.

Les places européennes ont réduit leurs pertes mercredi, les Bourses de Paris et Londres terminant même en territoire positif, soutenues par la progression de Wall Street qui offrait plus de résistante aux craintes liées à l'épidémie de coronavirus.

Mais le rebond de la Bourse de New York n'a pas tenu jusqu'à la clôture. Le Dow Jones et le S&P 500 sont passés dans le rouge après la publication d'informations selon lesquelles plusieurs dizaines d'habitants de l'Etat de New York faisaient l'objet d'une surveillance même si aucun cas de coronavirus n'y a été officiellement diagnostiqué.

Le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) a confirmé un cas d'infection en Californie d'une personne n'ayant pas voyagé hors des Etats-Unis ni été exposée à un patient connu, une première dans le pays.

La Corée du Sud a fait état pour sa part d'un treizième décès et de 334 nouveaux cas de contamination, soit le bilan quotidien le plus important depuis le 20 janvier; une femme au Japon a été de nouveau infectée après avoir guéri alors qu'en Chine continentale, le nombre de décès quotidiens est tombé à un plus bas d'un mois.

VALEURS

Engie gagne 2,91% après avoir publié des résultats annuels en nette hausse et Carrefour avance de 1,80% à la suite du relèvement de son objectif d'économies.

Il s'agit des deux seules hausses du CAC 40.

Du coté du SBF 120, Fnac Darty grimpe de 8,23% après la publication de ses résultats et l'annonce du versement d'un dividende - de 1,5 euro par action - pour la première fois de son histoire.

WPP, leader mondial de la publicité, dévisse de 15,90%, après avoir enregistré une contraction de son activité sur ses principaux marchés au quatrième trimestre et dit s'attendre à une croissance organique nulle cette année.

Le baisse du titre entraine dans son sillage son concurrent Publicis (-2,88%) et le secteur des médias qui cède 2,84%.

Le brasseur Anheuser-Busch InBev abandonne 7,84%, à un plus bas d'un an, après avoir vu son bénéfice baisser de façon plus importante que prévu et dit prévoir des résultats sans éclat en 2020 en partie à cause du coronavirus.

EN ASIE

Pour la quatrième séance d'affilée, l'indice Nikkei à Tokyo a fini en baisse jeudi (-2,13%), plombé par l'expansion rapide de l'épidémie mondiale de coronavirus. Il termine à un plus bas depuis plus de quatre mois.

A l'inverse, le marché chinois des actions a fini en hausse grâce au recul du nombre de décès dans le pays. Alors que le nombre de nouveaux cas de contamination est devenu plus important hors de Chine continentale, les autorités à Pékin focalisent désormais leur attention sur de possibles sources d'infection en provenance de l'étranger.

La Banque populaire de Chine a en outre déclaré qu'elle assurerait une liquidité suffisante grâce à des baisses du ratio de réserves obligatoires (RRR) en temps voulu.

Le CSI 300 des grandes capitalisations a gagné 0,3% et la Bourse de Shanghai a grappillé 0,1%.

A WALL STREET

L'indice Dow Jones a cédé 123,77 points (-0,46%) à 26.957,59 points. Le S&P-500, plus large, a perdu 0,38% à 3.116,39 et le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a avancé de 0,17% à 8.980,78 points. [.NFR]

Le S&P 500 a aligné une cinquième séance consécutive de baisse, ce qui ne lui était plus arrivé depuis l'été dernier. Il accuse sur cette période sa plus mauvaise performance depuis février 2018.

CHANGES

La baisse des rendements obligataire affaiblit le dollar qui recule face à un panier de devises internationales dont le yen (-0,3%) et le franc suisse (-0,5%), deux monnaies recherchées en période de nervosité.,,

"Le dollar ne semble pas être (un investissement) si sûr, les Etats-Unis ont à faire face à une épidémie sur leur territoire (...) Il y a des inquiétudes quant à une sous-estimation du coronavirus par le gouvernement américain", a déclaré Yukio Ishizuki chez Daiwa Securities à Tokyo.

Le billet vert souffre aussi des anticipations d'une possible baisse des taux de la Réserve fédérale pour contrer les repercussions du coronavirus sur l'économie américaine.

Selon le baromètre FedWatch de CME Group, la probabilité d'une baisse du taux des "fed funds" le 18 mars est désormais de 41% contre 33% mercredi.

L'euro gagne 0,5% à 1,094 dollar, évoluant à un plus haut de deux semaines.

TAUX

Le rendement des Treasuries à dix ans se stabilise autour de 1,305% après être tombé une nouvelle fois à un plus bas record, à 1,289%.

"Les nouvelles semblent créer cette hystérie collective partout, une panique de fin du monde alors les gens se mettent à l'abri des risques et mettent leurs investissements dans des actifs refuges et le plus important d'entre eux sont des bons du Trésor à 10 ans", a déclaré Stuart Oakley chez Nomura.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans recule à -0,514% (-2 points de base). Il a reculé la veille à un plus bas depuis octobre (-0,531%).

PÉTROLE

Les cours pétroliers baissent pour la cinquième séance consécutive. Le baril de Brent lâche 0,95% à 52,92 dollars et celui du brut léger américain (WTI) perd 1,07% à 48,21 dollars. Ils évoluent tous les deux à un plus bas depuis janvier 2019.

(Laetitia Volga avec Tom Westbrook à Singapour et Stanley White à Tokyo, édité par Blandine Hénault)