L'Europe finit dans le rouge, Trump ravive la tension sur le commerce

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Même si elles ont réduit leurs pertes en fin de séance, les Bourses européennes ont fini en net repli lundi, les marchés actions ayant été pris par surprise par le changement de ton de Donald Trump sur le commerce avec la Chine, qui ravive les craintes d'un échec des discussions en cours entre Washington et Pékin.

À Paris, le CAC 40 a clôturé en baisse de 65,32 points, soit 1,18%, à 5.483,52 points, sa plus forte baisse en pourcentage depuis le 22 mars, après avoir perdu en matinée jusqu'à 2,28%. A Francfort, le Dax a reculé de 1,01%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,13%, le FTSEurofirst 300 0,94% et le Stoxx 600 0,88% après avoir abandonné jusqu'à 1,59%.

Les marchés londoniens étaient fermés, la journée étant fériée au Royaume-Uni.

L'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50 a pris 17,61% sur la journée.

En menaçant de relever dès vendredi de 10% à 25% les droits de douane sur 200 milliards de dollars (178 milliards d'euros) de produits chinois importés aux Etats-Unis et en évoquant la possibilité de taxer 325 milliards de dollars de produits supplémentaires, le président américain a provoqué un brusque mouvement d'aversion au risque qui a touché l'ensemble des marchés mondiaux, à commencer par la Chine: la Bourse de Shanghai a chuté de 5,58%, sa plus forte baisse sur une séance depuis février 2016.

Morgan Stanley estime qu'une nouvelle escalade des tarifs douaniers pourrait amputer de 0,3 point sa prévision de croissance de l'économie chinoise.

Plus largement, pour Barclays, "la menace du président Trump sur les droits de douane résulte davantage de la conjonction de considérations tactiques et d'inquiétudes réelles sur le niveau d'engagement de la Chine".

"A court terme, tous les regards vont se tourner vers la réplique de la Chine et la question de savoir si le vice-Premier ministre Liu He va maintenir son déplacement prévu aux Etats-Unis le 8 mai", ajoute la banque britannique.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que les préparatifs du déplacement d'une délégation officielle à Washington se poursuivaient, sans préciser si Liu He en ferait partie.

VALEURS

Tous les indices sectoriels européens Stoxx ont fini dans le rouge et certaines des baisses les plus marquées ont touché les compartiments les plus exposés aux tensions commerciales: celui de l'automobile a perdu 2,12%, celui des hautes technologies 1,43%.

A Paris, STMicroelectronics (-4,69%) a subi la plus forte baisse du CAC, devant Valeo (-3,91%).

Le secteur du luxe a lui aussi souffert: LVMH a cédé 2,89%, Kering 2,30% et Hermès 0,64%.

Total a abandonné 2,16% avec l'ensemble du secteur pétrolier (-1,45%), le repli des cours du brut l'ayant emporté sur l'accord conclu par le groupe français avec Occidental Petroleum pour lui racheter les activités africaines d'Anadarko en cas de succès de l'offre de l'américain sur ce dernier.

A la hausse, l'opérateur norvégien de télécommunications Telenor a gagné 4,67%, la meilleure performance du Stoxx 600, après l'annonce de discussions avec le malaisien Axiata en vue d'une fusion de leurs activités dans neuf pays d'Asie.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones cédant 0,80%, le Standard & Poor's 500 0,88% et le Nasdaq Composite 0,97%.

Le S&P de l'industrie cédait plus de 1%, celui des hautes technologies plus de 1,2%.

L'indice Vix de volatilité du CBOE prenait alors plus de 24%.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le regain d'inquiétude sur l'issue des négociations USA-Chine a pratiquement occulté la publication des résultats définitifs des enquêtes Markit auprès des directeurs d'achats en Europe, qui montrent entre autres que le ralentissement de l'activité dans le secteur manufacturier se propage progressivement aux services.

CHANGES

Sur le marché des devises, le regain d'aversion au risque profite au yen, qui s'apprécie d'environ 0,2% face au dollar comme à l'euro.

Le billet vert prend 0,04% face à un panier de devises de référence et l'euro se traite sous 1,12 dollar.

Plus durement touché que la monnaie unique, le yuan chinois a perdu près de 1% sur la journée pour revenir non loin de son plus bas niveau de l'année face à la monnaie unique européenne.

Les dollars australien et néo-zélandais, exposés à la croissance chinoise, cèdent eux aussi du terrain.

TAUX

Le repli sur les actifs jugés moins risqués que les actions se traduit par une baisse des rendements obligataires: celui des bons du Trésor américain à dix ans recule de plus de quatre points de base à 2,485% et son équivalent allemand a fini la journée à 0,006% après un bref passage en territoire négatif.

Faisant exception au mouvement général de baisse, les rendements italiens ont une nouvelle fois été soutenus par les craintes sur la pérennité du gouvernement de Giuseppe Conte. Le rendement des BTP à dix ans a pris plus de deux points de base à 2,579%.

PÉTROLE

S'il réduisait ses pertes au moment de la clôture en Europe, le marché pétrolier n'a pas été épargné par l'impact négatif des déclarations de Donald Trump.

Le Brent s'échangeait alors autour de 70,80 dollars le baril après être tombé en début de journée sous 69 dollars pour la première fois depuis un mois. Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cédait alors 13 cents à 61,81 dollars après avoir perdu jusqu'à plus d'un dollar à 60,04.

Le marché a trouvé un soutien dans les préoccupations géopolitiques, alors que les Etats-Unis sont en train de déployer des bombardiers au Moyen-Orient en guise de nouvel avertissement à l'Iran.

(Édité par Véronique Tison)