L'Europe boursière rechute dans un climat d'aversion au risque

LES BOURSES EN EUROPE CLÔTURENT EN BAISSE

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini en baisse mercredi, la dégradation de la situation économique due au coronavirus qui continue de faire de plus en plus de victimes dans le monde ayant incité les investisseurs à se tourner vers les actifs jugés moins risqués.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 4,3% à 4.207,24 points, un plus bas en clôture d'une semaine. Le Footsie britannique a cédé 3,83% et le Dax allemand a perdu 3,94%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 3,83%, le FTSEurofirst 300 a reculé de 2,92% et le Stoxx 600 de 2,9%.

Deux semaines "très douloureuses" attendent les Américains dans la lutte contre le coronavirus, a averti mardi le président américain. Les autorités sanitaires craignent que le bilan aux Etats-Unis dépasse les 100.000 morts dans les prochains mois.

Le changement de ton de Donald Trump et des indicateurs inquiétants ont eu raison de l'optimisme très prudent qui a dominé les places européennes mardi.

L'activité dans le secteur manufacturier a chuté en mars et devrait continuer de baisser dans les mois à venir, ont montré les résultats définitifs des enquêtes mensuelles PMI en zone euro.

Aux Etats-Unis, le secteur privé américain a détruit des emplois en mars pour la première fois depuis 2017 et l'activité du secteur manufacturier dans le pays s'est contractée.

"Le secteur manufacturier est en récession, comme le reste de l'économie", a déclaré Chris Rupkey, économiste en chef chez MUFG à New York.

"La question principale n'est pas de savoir à quel point les données économiques sont mauvaises mais combien de temps elles le resteront. La question de savoir à quoi ressemblera la reprise, quand nous pourrons la démarrer, risque également de peser sur le sentiment. Nous ne nous attendons pas à un rebond en V mais plutôt à une forme en U, et avec seulement une montée progressive", a commenté Esty Dwek, responsable des stratégies de marché chez Natixis IM Solutions.

VALEURS EN EUROPE

Les investisseurs craignent un certain nombre d'avertissements sur les bénéfices des entreprises, en Europe comme aux Etats-Unis, voire des faillites. Les analystes tablent sur une chute de 21,9% des bénéfices du Stoxx 600 au deuxième trimestre et de 9,6% pour le S&P-500 selon le consensus IBES Refinitiv.

L'indice Stoxx des valeurs bancaires, en baisse de 5,79%, a été plombé par la suppression des dividendes par plusieurs groupes du secteur.

A Londres, HSBC a chuté de 9,52%. A Paris, Société générale et Natixis ont perdu respectivement 9,53% et 13,31% après avoir suivi la recommandation de la Banque centrale européenne de ne pas verser de dividende au titre de 2019.

Sans surprise, les immatriculations de voitures neuves en France ont dégringolé en mars à cause de l'épidémie et du confinement de la population pour l'endiguer. PSA et Renault ont abandonné respectivement 6,49% et 7,88%.

Toujours frappé par la baisse de la demande, l'équipementier aéronautique Safran a dévissé de 16,45%, dernier du CAC 40 devant Airbus (-12,03%). Le secteur des transports et loisirs (-6,4%) a accusé la plus forte perte en Europe.

Soutenu par un relèvement de recommandation d'UBS, Ipsen a pris 6,72%.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait en repli, le Dow Jones reculant de 3,41%, le Standard & Poor's 500 de 3,68% et le Nasdaq Composite de 2,87%.

TAUX

Une nouvelle fois favorisés par le mouvement de repli sur les actifs plus sûrs, les emprunts d'Etat américains voient leurs rendements reculer nettement: le dix ans cède plus de dix points de base et a atteint en séance son plus bas niveau depuis trois semaines à 0,578%.

La tendance a été moins marquée en Europe où le rendement du Bund allemand à dix ans a cédé un peu plus d'un point de base, à -0,470%.

CHANGES Le dollar reprend environ 0,5% face à un panier de six devises internationales et face au yen.

L'euro recule de 0,9%, sous 1,10 dollar.

PÉTROLE

Déjà touchés par l'effondrement de la demande, les cours pétroliers ont accentué leurs pertes après l'annonce d'une hausse plus importante qu'anticipé des stocks américains de brut par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).

Les stocks de brut ont augmenté de 13,8 millions de barils la semaine dernière à 469 millions, soit la plus forte hausse depuis octobre 2016. Les économistes attendaient en moyenne une hausse d'environ 4 millions de barils.

Le cours du Brent cède 5,2% à 24,98 dollars le baril. Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) évolue autour de 20,4 dollars.

MÉTAUX

La baisse de l'activité industrielle en Asie, en Europe et aux Etats-Unis contribue au repli des prix des métaux industriels: les cours du cuivre et de nickel perdent près de 3% et celui de l'aluminium est tombé à un plus bas de quatre ans sous 1.500 dollars la tonne.,

Le regain d'attrait pour les valeurs refuges profite logiquement à l'or, qui prend 1,17% pour se rapprocher de 1.600 dollars l'once.

(Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)