Une lettre de Pierre de Coubertin envoyée à Adolf Hitler reproduite dans le livre d’Aymeric Mantoux

Une statue de Pierre Coubertin à l’entrée du Comité International Olympique en Lausanne, Suisse.
FABRICE COFFRINI / AFP Une statue de Pierre Coubertin à l’entrée du Comité International Olympique en Lausanne, Suisse.

LIVRES - Les archives sont de sorties. Une lettre de Pierre de Coubertin, promoteur des Jeux olympiques modernes, à Adolf Hitler en 1937, est reproduite dans le livre Pierre de Coubertin, l’homme qui n’inventa pas les Jeux olympiques, d’Aymeric Mantoux, publié ce vendredi 17 mai. Et dans cet ouvrage, l’auteur atteste qu’il « y avait bien des rapports entre les deux hommes ».

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Cette lettre, jusque-là inédite en France, provient des archives du Troisième Reich, d’où l’historien allemand, Hans Joachim Teichler, l’a extraite. « C’est un chercheur qui a revisité toute l’histoire des sports en Allemagne au XXe siècle. Il a trouvé cette lettre qui prouve que, contrairement à ce que disent la famille de Coubertin et le CIO (Comité international olympique), il y avait bien des rapports entre les deux hommes », a expliqué Aymeric Mantoux, à l’AFP.

Datée du 17 mars 1937, la lettre remercie le régime allemand pour sa contribution à son « année jubilaire », à savoir les 50 ans de son action de promotion du sport. En parallèle, des historiens ont retrouvé la trace de versements de l’Allemagne nazie à un fonds de dotation monté par Pierre de Coubertin pour poursuivre son action, alors que le Troisième Reich se préparait à ouvrir à Berlin un « Institut international olympique ».

Mais Pierre de Coubertin, qui avait 73 ans au moment des JO de Berlin en 1936, ne s’y est pas rendu. « On ne sait pas pourquoi. Les Jeux de Berlin sont pourtant l’acmé de ce qu’il voulait faire », explique l’écrivain Aymeric Mantaux. Toutefois, sa voie était quand même diffusée dans les haut-parleurs du stade berlinois.

Des opinions très conservatrices

« Je ne pense pas qu’il ait épousé l’idéologie nazie d’éradication des ennemis de la race aryenne », nuance Aymeric Mantoux. « Mais entre sa vision et celle du Troisième Reich, on retrouve des points communs, autour de la volonté de redynamiser une Nation par le sport », termine par dire l’écrivain.

Pierre de Coubertin est d’ailleurs connu pour ses opinions très conservatrices. Il refusait notamment la professionnalisation du sport, ainsi que sa féminisation, et croyait à l’« essence supérieure » de « la race blanche ». Il a également fait des sorties racistes et colonialistes.

« Pierre de Coubertin n’était pas quelqu’un de lisse. Il a évolué tout au long de sa vie, il a souvent changé d’avis. Mais il est plus beaucoup plus complexe que les quelques phrases qu’on sort et ressort à chaque fois », a souligné en avril dans Le Parisien l’arrière-arrière-petite nièce du baron, Diane de Navacelle de Coubertin, qui tente avec d’autres membres de sa famille de réhabiliter la mémoire de son aïeul. « On le réduit à des écrits qui choquent avec notre regard d’aujourd’hui. À l’époque ils ne choquaient pas. Il faut les remettre dans leur contexte, leur époque », a-t-elle ajouté auprès du Parisien.

Pierre de Coubertin, qui devrait intégrer le musée Grévin à Paris en juillet, est par ailleurs peu mis en avant dans la communication des organisateurs des JO de Paris, qui se tiendront du 26 juillet au 11 août.

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