La lettre d'Albert Camus à son instituteur Louis Germain sera lue lors de l'hommage à Samuel Paty

Des collègues et des proches de Samuel Paty lors d'une marche blanche en sa mémoire à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) le 20 octobre 2020 - Bertrand GUAY © 2019 AFP
Des collègues et des proches de Samuel Paty lors d'une marche blanche en sa mémoire à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) le 20 octobre 2020 - Bertrand GUAY © 2019 AFP

Un symbole fort. Ce mercredi, un hommage national va être rendu à la Sorbonne à Samuel Paty, ce professeur d'histoire-géographie assassiné vendredi à Conflans-Sainte-Honorine. La cérémonie se tiendra à 19h30, en présence de la famille du défunt et des corps constitués de l'Etat.

En raison de la crise sanitaire, 400 personnes seulement pourront y assister. Outre le président de la République, des membres du gouvernement, les présidents des chambres parlementaires et des anciens chefs de l'État, comme François Hollande, seront présents. Une centaine d'élèves d'établissements d'Île-de-France ont également été invités.

Le premier instituteur de Camus

Le déroulé de la cérémonie a été élaboré en concertation très rapprochée avec la famille. Les proches de Samuel Paty ont ainsi été reçus lundi matin par le chef de l'État à l'Élysée. Il a été décidé, après l'arrivée du cercueil, qu'un chant sera interprété par l'orchestre de la Garde républicaine et la maîtrise de Radio France et que deux textes seront lus par des élèves et des enseignants.

L'un de ces textes est une lettre écrite par Albert Camus, le 19 novembre 1957, à son premier instituteur Louis Germain, avec qui il a étudié à l'école communale de la rue Aumerat, à Alger. Des mots que l'écrivain français a couchés sur papier peu de temps après avoir reçu le Prix Nobel de Littérature, pour remercier son enseignant sans qui "rien de tout cela ne serait arrivé". C'est avec lui, entre 1918 et 1923, qu'Albert Camus va préparer le concours des bourses pour les collèges et lycées, indique le Centre de documentation Albert Camus sur son site internet.

BFMTV.com a reproduit le texte dans son intégralité:

J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève.

Article original publié sur BFMTV.com