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L'Etat islamique dit avoir décapité un otage américain

Le drapeau de l'Etat islamique flottant près de la ville de Kobani. Le groupe djihadiste a affirmé dimanche avoir décapité un nouvel otage américain, Peter Kassig, un travailleur humanitaire de 26 ans enlevé en octobre 2013 en Syrie. /Photo prise le 6 octobre 2014/REUTERS/Umit Bektas

par Mariam Karouny BEYROUTH (Reuters) - Le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a affirmé dimanche avoir décapité un nouvel otage américain, Peter Kassig, un travailleur humanitaire de 26 ans enlevé en octobre 2013 en Syrie. Contrairement aux précédents assassinats filmés, la vidéo mise en ligne ne montre pas la décapitation mais on y voit un homme, le visage masqué, se tenant debout, une tête couverte de sang à ses pieds. "C'est Peter Edward Kassig, un citoyen américain", dit-il avec un fort accent anglais, avant de menacer Barack Obama d'une vague d'attentats aux Etats-Unis. L'authenticité de cet enregistrement, diffusé sur un site djihadiste et via des fils Twitter utilisés par l'Etat islamique, n'a pu être vérifiée dans l'immédiat. Les services américains sont en train de l'analyser pour déterminer le plus rapidement possible sa véracité, a annoncé le Conseil de sécurité nationale (NSC), rattaché à la Maison blanche. "Si cela est confirmé, nous serons horrifiés par le meurtre cruel d'un travailleur humanitaire américain innocent", a ajouté la porte-parole du NSC. Peter Kassig avait servi dans l'armée américaine en Irak entre avril et juillet 2007 avant d'être démobilisé pour des raisons médicales. Il s'était alors spécialisé dans la médecine d'urgence et s'était rendu au Liban en mai 2012, travaillant comme volontaire dans des hôpitaux et soignant des réfugiés palestiniens et syriens. Il a été capturé le 1er octobre 2013 alors qu'il se rendait à Daïr az Zour, dans l'est de la Syrie, en mission humanitaire pour la Special Emergency Response and Assistance, une ONG qu'il avait fondée l'année précédente. Selon ses parents, il s'était converti à l'islam en captivité et avait pris le nom d'Abdoul-Rahman. CONVERTI À L'ISLAM Si sa mort est confirmée, ce travailleur humanitaire américain sera le cinquième otage occidental décapité par l'Etat islamique depuis le déclenchement cet été des premières frappes aériennes américaines en Irak contre le groupe d'Abou Bakr al Baghdadi. Avant lui, les journalistes américains James Foley et Steven Sotloff et les humanitaires britanniques David Haines et Alan Henning ont subi le même sort. Dans l'enregistrement montrant l'assassinat d'Alan Henning, l'Etat islamique menaçait de mort Peter Kassig. En Algérie, un groupe armé se revendiquant de l'Etat islamique, le Djound al Khalifah (les Soldats du califat), a décapité un guide de montagne français, Hervé Gourdel, enlevé en septembre alors qu'il effectuait une randonnée en Kabylie. A mesure de sa progression, l'Etat islamique a également diffusé les images d'exécutions d'Irakiens et de Syriens. Au total, la vidéo diffusée dimanche dure un quart d'heure et montre les décapitations d'au moins quatorze autres prisonniers présentés comme des soldats fidèles au président syrien Bachar al Assad, notamment des pilotes de l'armée de l'air loyaliste. L'homme masqué qui parle dans cette vidéo a le même accent anglais que celui qui a décapité les précédents otages occidentaux et a été surnommé "Djihad John" par la presse britannique. Selon certaines informations, cet homme a été blessé au début du mois dans une frappe aérienne qui a visé une réunion de responsables de l'EI dans une ville irakienne proche de la frontière syrienne. "Nous disons à Obama, le chien de Rome: aujourd'hui nous massacrons les soldats de Bachar (al Assad), demain nous massacrerons tes soldats !", lance-t-il, faisant allusion à la "croisade" que mèneraient les Occidentaux au Proche-Orient. HOLLANDE DÉNONCE UN CRIME CONTRE L'HUMANITÉ "Et avec la permission d'Allah (...), l'Etat islamique commencera bientôt à vous massacrer dans vos rues !", ajoute-t-il, menaçant directement d'attentats les Etats-Unis. L'homme précise que Peter Kassig a été enterré à Dabek, une ville du nord de la Syrie proche de la frontière turque. "Nous enterrons ici à Dabek le premier croisé américain. Et nous attendons avec impatience le reste de vos armées !" A son arrivée à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le président français François Hollande a dénoncé dans ces décapitations "des crimes contre l'humanité". "Ce sont des crimes contre l'humanité, ce sont des actes barbares et c’est pourquoi la France ne peut pas rester indifférente. D’abord parce qu'elle est solidaire - nous avons eu, nous aussi, un otage qui a été assassiné en Algérie - mais en plus parce que ce groupe terroriste Daech veut conquérir des territoires et asservir une population", a-t-il dit. "C'est pourquoi je rappelle ici que la France est dans une coalition, qu’elle fait en sorte en Irak d’attaquer le groupe terroriste Daech et de permettre aux autorités irakiennes de retrouver la souveraineté de leur territoire. Nous continuerons ce combat. Ce combat, il est pour l’humanité face à des barbares qui commettent des crimes contre l’humanité." "J'ai une pensée pour l’ensemble de ces victimes, pour ce jeune Américain et aussi pour la population syrienne qui connaît depuis trop de mois des horreurs dont elle doit être délivrée", a poursuivi le président français. A Paris, le Premier ministre Manuel Valls dit avoir appris "avec effroi la décapitation de l'otage américain Peter Kassig et celle de nombreux soldats syriens". "Il condamne avec la plus grande fermeté ce nouvel acte de barbarie. Cet acte renforce la détermination de la France à agir contre Daech en Irak et en Syrie", ajoute un communiqué diffusé par Matignon. D'Australie, où il participait au sommet du G20, le Premier ministre britannique David Cameron a réagi via Twitter en se disant "horrifié par le meurtre de sang-froid commis contre Abdul-Rahman Kassig". (Avec Omar Fahmy, Lin Noueihed, Kylie MacLellan, Karey Van Hall, Geert De Clercq, Jane Wardell et Viktor Szary; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)