Les violences entre PKK et forces turques font neuf morts

par Seyhmus Cakan DIYARBAKIR, Turquie (Reuters) - Les violences entre les séparatistes kurdes et les forces turques, qui ont repris au mois de juillet, ont fait au total neuf morts dimanche dans le sud-est de la Turquie. Des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont fait exploser une voiture près d'un barrage de police au cours de la matinée, tuant deux policiers et en blessant cinq, a-t-on appris auprès des services de sécurité. Les forces de sécurité turques basées non loin de là, dans la province de Sirnak, ont ensuite bombardé le secteur montagneux vers lequel les auteurs s'étaient enfuis après l'attentat, et ont tué six membres du PKK. Le PKK a lancé d'autre part une attaque au lance-roquettes et au fusil dimanche dans le secteur de Silvan de la province de Diyarbakir, tuant un policier et en blessant un autre, a-t-on appris auprès des services de sécurité. Plus de 100 policiers et soldats ont été tués, ainsi que des centaines de combattants séparatistes, depuis que le cessez-le-feu entre le PKK et Ankara a volé en éclats au mois de juillet, interrompant le processus de paix engagé en 2012. La Turquie connaît depuis lors ses violences les plus meurtrières depuis une vingtaine d'années. A Diyarbakir, grande ville du sud-est de la Turquie, le gouvernorat a annoncé que le couvre-feu avait été décrété dans le quartier historique de Sur, où, selon des sources proches des services de sécurité, sept policiers ont été blessés au cours d'affrontements avec des séparatistes. Dans d'autres quartiers du centre de Diyarbakir, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau contre de petits groupes qui lançaient des pierres et tentaient d'ériger des barricades pour contester le couvre-feu. OBSÈQUES DE VICTIMES À CIZRE S'adressant aux journalistes près de Sur, le chef de file du parti pro-kurde HDP, Selahattin Demirtas, a demandé à l'Etat turc et aux dirigeants du PKK dans les montagnes irakiennes de Kandil de cesser le feu et de reprendre les négociations de paix. "Ankara et Kandil doivent adopter une position qui répond aux attentes de la population par un projet clair, concret", a-t-il dit. Le couvre-feu qui durait depuis une semaine à Cizre, près de la frontière avec la Syrie et l'Irak, a été levé vendredi. Selon le HDP, 21 civils ont été tués lors des combats dans la ville. Selon le gouvernement, en revanche, il y a eu 32 morts chez les combattants du PKK et un civil tué. Des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Cizre pour les obsèques de 16 personnes tuées durant la semaine, ont rapporté des témoins. Au total, plus de 40.000 personnes ont trouvé la mort depuis le début de l'insurrection séparatiste menée par le PKK en 1984. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est engagé à combattre le PKK "jusqu'à ce qu'il ne reste plus un seul terroriste". Le chef de la diplomatie irakienne, Ibrahim al Djaafari, a demandé dimanche à Ankara de coordonner avec Bagdad ses incursions militaires contre le PKK dans le nord de l'Irak, à la suite d'accusations de franchissements de la frontière par les forces turques ces derniers jours. Des élections législatives sont prévues en Turquie le 1er novembre. (avec Daren Butler; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)