Les USA vont tenter de désamorcer la crise dans le Golfe

Vue de Doha au Qatar. Les Etats-Unis vont tenter de désamorcer discrètement la crise entre le Qatar et ses voisins du Golfe, ont déclaré à Reuters d'anciens et actuels responsables américains, qui soulignent l'importance militaire et diplomatique de l'émirat aux yeux de Washington. /Photo prise le 5 juin 2017/REUTERS

WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis vont tenter de désamorcer discrètement la crise entre le Qatar et ses voisins du Golfe, ont déclaré à Reuters d'anciens et actuels responsables américains, qui soulignent l'importance militaire et diplomatique de l'émirat aux yeux de Washington. L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et leurs alliés égyptien et yéménite ont annoncé lundi la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar en accusant ce dernier de déstabiliser la région et de soutenir le terrorisme. Ils ont aussi fermé leurs frontières et de leur espace aérien. Le contentieux porte essentiellement sur le soutien apporté depuis des années par Doha aux Frères musulmans et sur le ton conciliant qu'il a récemment adopté envers l'Iran, le grand rival régional de l'Arabie saoudite. Les Etats-Unis ont tout intérêt à désamorcer la crise car ils disposent au Qatar de leur plus grande base aérienne au Proche-Orient, Al Oudeid, d'où partent de nombreux appareils bombardant le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie, dont Donald Trump a érigé la destruction en priorité de sa politique étrangère. Le Qatar a en outre établi des relations avec le Hamas palestinien et les taliban afghans, deux organisations avec lesquelles Washington ne peut pas discuter directement. "Cela a une certaine utilité", souligne un responsable américain qui tient à conserver l'anonymat. "Il nous faut un lieu pour rencontrer les taliban. Le Hamas a aussi besoin d'un endroit où l'on peut discuter avec lui tout en maintenant son isolement." Selon les responsables américains interrogés par Reuters, Washington a été pris de court par l'initiative des pays du Golfe, qui se sont probablement sentis encouragés par la récente visite de Donald Trump en Arabie saoudite. "Je soupçonne qu'ils ont été confortés par ce qu'a dit Trump pendant sa visite et qu'ils pensent avoir reçu son soutien", dit un ancien responsable. "Je ne sais pas s'ils avaient besoin de plus que ce qui a été dit en public." A Ryad, Donald Trump a appelé les pays de la région à éradiquer le terrorisme, dont il a désigné l'Iran comme le principal sponsor. Washington devrait désormais s'employer à ramener le calme dans le Golfe. "Nous ne voulons pas assister à une sorte de clivage permanent et je pense que ce sera pas le cas", dit un responsable de l'administration Trump. "Nous avons conscience qu'une grande partie du comportement qatarien est préoccupant non seulement pour ses voisins du Golfe mais aussi pour les Etats-Unis", ajoute-t-il cependant. "Nous voulons le ramener sur le droit chemin." (Arshad Mohammed et Steve Holland; Tangi Salaün pour le service français)