Les Turcs d'Allemagne commencent à voter pour le référendum

Les Turcs résidant en Allemagne ont commencé à voter lundi dans le cadre d'un référendum constitutionnel prévu le 16 avril en Turquie pour décider d'un élargissement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan. /Photo prise le 27 mars 2017/REUTERS/Michael Dalder

BERLIN (Reuters) - Les Turcs résidant en Allemagne ont commencé à voter lundi dans le cadre d'un référendum constitutionnel prévu le 16 avril en Turquie pour décider d'un élargissement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan. Cette consultation référendaire, depuis son approbation par le Parlement turc au terme de séances houleuses, a exacerbé les tensions entre les autorités d'Ankara et celles de plusieurs pays de l'Union européenne, dont en premier l'Allemagne. Le président Erdogan souhaitait que ses ministres puissent participer à des meetings électoraux en Allemagne, aux Pays-Bas, ou en Autriche afin de rallier la diaspora turque à sa cause. Ces tentatives se sont heurtées à des refus des gouvernements allemand, néerlandais, autrichien et aussi suisse pour des raisons de trouble à l'ordre public. Vexé, Recep Erdogan a continué à exacerber les sentiments nationalistes dans son pays en accusant les dirigeants européens d'adopter des méthodes rappelant, selon lui, l'époque nazie. Dans un scrutin qui s'annonce serré, le président Erdogan ne peut négliger la communauté turque d'Allemagne qui compte environ trois millions de membres dont 800.000 Kurdes. Au total, ce sont près de 1,4 million d'électeurs. Lundi, plusieurs dizaines de personnes ont formé une file d'attente devant le consulat de Turquie à Berlin tandis qu'une poignée de partisans du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde) brandissaient des banderoles. Plusieurs élus du HDP ont été arrêtés en Turquie et des députés turcs en Allemagne redoutent que certains opposants à Erdogan ne s'abstiennent de voter par crainte de représailles contre eux-mêmes ou leur famille. Le président Erdogan justifie l'extension de ses pouvoirs par le besoin d'instaurer une stabilité de l'exécutif, face aux menaces terroristes pesant sur la Turquie. Ses opposants et les Européens voient dans cette démarche une dérive autoritaire. Les opérations de vote se dérouleront jusqu'au 9 avril en Allemagne puis les urnes scellées seront envoyées par avion à Ankara pour procéder au dépouillement le soir du 16 avril. En France, le nombre d'électeurs turcs est estimé à 318.000 et à 245.000 aux Pays-Bas. L'Autriche, la Belgique, la Grande-Bretagne et la Suisse comptent également des communautés turques d'importance notable. (Stefanie Eimermacher et Mehmet Kucuk, Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser)