Les tensions commerciales font plonger les actions et les taux

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont lourdement chuté jeudi et Wall Street paraît suivre le mouvement sur fond de chute des rendements obligataires et de forte poussée de la volatilité en raison de la décision de Donald Trump de taxer certaines importations chinoises.

Le président américain a annoncé des décisions commerciale contre la Chine qui pourraient se traduire par 60 milliards de dollars (48,8 milliards d'euros) de droits de douane.

Ces mesures devraient cibler particulièrement les secteurs de la technologie et des télécommunications mais il faudra attendre l'expiration d'une période de consultation pour connaître la liste des produits concernés, a déclaré un haut fonctionnaire de la Maison blanche

La crainte d'une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales agite davantage les marchés que les annonces faites mercredi par la Réserve fédérale américaine, qui privilégie toujours trois hausses de taux en tout cette année mais laisse entrevoir un resserrement plus agressif l'an prochain.

À Paris, le CAC 40 a perdu 1,38% à 5.167,21points. Le Footsie britannique a cédé 1,23% et le Dax allemand a reculé de 1,7%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 1,55%, le FTSEurofirst 300 1,68% et le Stoxx 600 1,55%.

Le recul des indices européens est le plus marqué depuis le 2 mars et l'annonce du projet de Donald Trump de sanctionner les importations d'acier et d'aluminium.

A Wall Street, les trois grands indices perdent plus de 1,3 à 1,5% après avoir réduit légèrement leurs pertes.

LES BANQUES ET LES RESSOURCES DE BASE SANCTIONNÉES

En Europe, le repli des rendements obligataires et les déclarations de la Fed ont pesé sur le compartiment bancaire européen, dont l'indice Stoxx a abandonné 2,5%, l'un des plus forts replis sectoriels avec les ressources de base (2,93%).

A Wall Street, le segment technologique perd 1,59% avec un nouveau repli pour Facebook (-2,21%) après les excuses de Mark Zuckerberg, qui a reconnu des erreurs ayant permis à la société Cambridge Analytica de collecter les informations personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs du réseau social.

La fébrilité des marchés avant les annonces de Donald Trump a provoqué un net repli des rendements des emprunts d'Etat et une poussée de volatilité sur les marchés d'actions en Europe comme aux Etats-Unis.

Le rendement des Treasuries à 10 ans a cédé près huit points de base pour repasser sous 2,83%, alors qu'il avait dépassé 2,93% mercredi après le communiqué de politique monétaire de la Fed.

Le rendement du Bund allemand et celui de l'OAT française de même échéance ont suivi le mouvement, reculant chacun d'environ sept points de base, à 0,527% et 0,772% respectivement, leurs plus bas niveaux depuis début janvier.

Les indices mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50 et du S&P 500 bondissent respectivement de près de 25% et près de 15%.

LA BOE DEVRAIT RELEVER SON TAUX DIRECTEUR EN MAI

A Paris, les deux plus fortes baisses du CAC 40 sont pour STMicroelectronics (-4,57%) et ArcelorMittal (-3,84%).

Les banques ont également souffert avec des replis de 2,2% pour Société générale, 1,83% pour BNP Paribas et 1,51% pour Crédit agricole.

A la hausse, le britannique Reckitt Benckiser a grimpé de 4,78%, la plus nette progression du Stoxx 600, après avoir mis fin aux discussions avec l'américain Pfizer concernant le rachat de son pôle produits de santé et d'hygiène grand public, ce qui soulage les craintes sur le financement envisagé pour cette opération.

Autour de la mi-séance en Europe, la Banque d'Angleterre a, comme prévu, laissé son principal taux directeur inchangé, à 0,5%, mais sa décision n'a pas été unanime contrairement aux attentes des investisseurs, qui devraient désormais anticiper de manière plus convaincue un tour de vis monétaire en mai.

Après ces annonces, la livre sterling a brièvement accru ses gains face au dollar et à l'euro avant de refluer dans le sillage des rendements obligataires britanniques.

Du côté du pétrole, le baril de Brent cède autour de 1% à 69 dollars après la forte hausse enregistrée la veille en réaction à l'annonce par l'Energy Information Administration (EIA) américaine d'une baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis.

Goldman Sachs a relevé sa prévision de cours pour le Brent à 82,50 dollars en milieu d'année, en expliquant tabler sur une efficacité accrue des mesures d'encadrement de l'offre prises par l'Opep.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)