Les soldats néerlandais de l'Onu bombardent des rebelles au Mali

AFFRONTEMENTS ENTRE SOLDATS NÉERLANDAIS DE L’ONU ET REBELLES DANS LE NORD DU MALI

par David Lewis et Emma Farge DAKAR (Reuters) - Les soldats néerlandais de la force de maintien de la paix des Nations unies au Mali ont mené un raid aérien contre des rebelles touaregs mardi dans le nord du pays, le contingent des Pays-Bas mène menant ainsi une première action militaire directe depuis son déploiement. La mission de l'Onu, connue sous le sigle Minusma, a précisé qu'elle avait répondu à des tirs d'artillerie lourde dirigés contre des casques bleus dans la ville de Tabankort. Elle a précisé que les hélicoptères utilisés lors du raid avaient détruit un véhicule des rebelles séparatistes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), engagé dans des pourparlers de paix avec le gouvernement, après que ces derniers ont ignoré des tirs de semonce. Le porte-parole du MNLA, Moussa Ag Acharatoumane, a démenti que des coups de semonce avaient été tirés, ajoutant que cinq rebelles avaient été tués et plusieurs autres blessés par les tirs d'hélicoptères. Les casques bleus de l'Onu ont été déployés dans le nord du Mali pour aider Bamako à sécuriser des zones désertiques dans le nord du pays, un temps occupées à la fois par des rebelles et des islamistes liés à Al Qaïda en 2012, jusqu'à une intervention militaire française. La France a lancé en janvier 2013 l'opération Serval pour chasser des groupes armés islamistes des villes du nord du Mali dont ils s'étaient emparés l'année précédente et stopper leur progression vers le sud, mais le Nord-Mali reste en proie à des violences ciblant l'armée malienne et le contingent de la Minusma. Cela faisait plusieurs jours que la mission de l'Onu tentait de stabiliser la situation à Tabankort, une ville du désert entourée par le MNLA et où sont présent des miliciens pro-gouvernementaux ainsi que des casques bleus déployés pour protéger les civils. "Ces actions ont été menées dans le cadre de notre mandat, qui autorise la Minusma à avoir recours à la force pour protéger les civils, son personnel et ses positions contre toute attaque ou danger immédiat", a précisé la mission de l'Onu dans un communiqué. Cette dernière n'a pas évoqué le nombre de victimes, ajoutant que des affrontements avaient encore lieu dans la soirée de mardi. Quelque 450 troupes de forces spéciales et quatre hélicoptères Apache constituent le contingent néerlandais dans le nord du Mali, dans le cadre d'une force internationale de quelques 12.000 hommes. Le porte-parole du MNLA, Moussa Ag Acharatoumane, a déclaré que la coopération avec les casques bleus de l'Onu allait être suspendue à la suite de l'incident. "Il n'y a pas eu de négociation. Il n'y a pas eu d'avertissement", a-t-il dit à Reuters. "Ce fut une erreur et le fait de bombarder nos positions fut une également une grave erreur politique." Un habitant de la ville de Kidal, une place forte du MNLA, a dit que les corps de cinq rebelles étaient arrivés pour être enterrés mardi. (Tangi Salaün et Benoît Van Overstraeten pour le service français)