Les soldats des Nations unies "pris pour cible"

PARIS (Reuters) - Les casques bleus ne suffisent pas à ramener la paix dans les secteurs sensibles, il faut que des accords politiques soient mis en oeuvre, a déclaré le secrétaire général adjoint de l'Onu chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, dans une interview à paraître mardi dans Le Figaro.

Les casques bleus ont subi la pire attaque de leur histoire récente le 7 décembre dernier à l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce sont 15 soldats qui ont péri alors qu'ils se défendaient contre des milices dans une de leur base.

"Une bande assez bien préparée et armée a attaqué une base d'une compagnie tanzanienne de la Monusco (la mission de l'ONU en RDC). Cette bande, probablement les ADF (milice d'origine ougandaise), avait pour but le pillage et a attaqué le soir", a expliqué Jean-Pierre Lacroix au quotidien.

"Ce drame confirme que les opérations de maintien de la paix sont à un tournant. On opère maintenant dans des environnements dangereux où l'on nous prend pour cible".

Le secrétaire général adjoint précise que les casques bleus se font tirer dessus en RDC, "mais aussi au Mali, en Centrafrique ou au Soudan du Sud". Selon lui, "il faut adapter nos méthodes".

"Le maintien de la paix est un outil pour soutenir la paix, mais ce n'est pas le seul pour la ramener. Ce serait impossible. Pour ramener la paix, il faut que les accords politiques soient mis en œuvre. La fin des fins est politique", a-t-il ajouté.

Il dit regretter que dans certaines régions, comme au Soudan du Sud, les accords "avancent lentement, voire pas du tout".

"Aujourd'hui, le Conseil de sécurité pourrait être plus uni. Certains États sont très vigilants sur les questions de souveraineté et ont tendance, quand nous avons des problèmes avec les États hôtes, comme au Soudan du Sud (lorsqu'il existe), à empêcher que l'on mette la pression", déclare-t-il.

(Caroline Pailliez)