Les sociaux-démocrates européens réunis à Paris votent Juncker

Les dirigeants européens sociaux-démocrates réunis samedi à Paris, dont l'Italien Matteo Renzi, ont apporté leur soutien au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker pour le poste de président de la Commission européenne, a déclaré le ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel. /Photo prise le 21 juin 2014/REUTERS/Etienne Laurent/Pool

par Elizabeth Pineau et Mark John PARIS (Reuters) - Plusieurs dirigeants européens sociaux-démocrates parmi lesquels l'Italien Matteo Renzi ont apporté samedi leur soutien à Jean-Claude Juncker pour la présidence de la Commission européenne, indiquant qu'ils chercheraient à obtenir d'autres postes pour leurs alliés. Martin Schulz, actuel président du Parlement européen et social démocrate allemand, a notamment obtenu leur vote pour un nouveau mandat. Ces leaders européens, conviés à l'Elysée par François Hollande avant le Conseil européen de jeudi et vendredi, ont par ailleurs demandé une inflexion de la politique européenne vers la croissance et l'emploi en utilisant "toutes les souplesses" du pacte de stabilité. "Nous respect(ons) les institutions européennes, l'esprit qui a été celui qui a présidé aux élections européennes, c'est-à-dire que le parti qui arrive en tête puisse proposer le candidat qui a été présenté, en l'occurrence Monsieur Juncker", a déclaré samedi François Hollande. "Mais nous voulons que soit discuté l'ensemble des responsabilités européennes à l'occasion du prochain Conseil", a-t-il ajouté, jugeant que d'autres "responsabilités" pouvaient échoir à des personnalités sociales-démocrates. Le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, présent à ce mini-sommet parisien, a indiqué que Martin Schulz serait proposé comme prochain président du Parlement européen. Il "aurait été le parfait candidat pour la Commission européenne, mais les élections sont les élections (...) et c'est pourquoi Juncker sera le président de la Commission", a-t-il dit. Martin Schulz, que François Hollande avait également invité, a annoncé qu'il présenterait formellement sa candidature et qu'il était "assez optimiste" sur la signature d'un accord à Bruxelles sur la répartition des principaux postes des institutions européennes. Un mois après la victoire du centre droit aux élections européennes, les Vingt-Huit doivent désigner jeudi et vendredi le futur président de la Commission et se prononcer sur son mandat. La grande majorité des Vingt-Huit est favorable à la nomination de Jean-Claude Juncker. CAMERON DE PLUS EN PLUS ISOLÉ Le Premier ministre britannique David Cameron, qui semble de plus en plus isolé, essaie toutefois de convaincre ses partenaires de repousser l'élection du nouveau président de la Commission dans l'espoir de trouver une solution alternative consensuelle à Jean-Claude Juncker, jugé trop fédéraliste. La décision peut être prise à la majorité qualifiée et la position de l'Italie, qui assurera la présidence tournante de l'Union à partir du 1er juillet, sera déterminante s'il faut en arriver à un vote. La réunion de Paris a rassemblé samedi les chefs des gouvernements autrichien, belge, danois, italien, roumain, slovaque, maltais et tchèque ainsi que Sigmar Gabriel et Martin Schulz, deux chefs de file du SPD. Ils ont tous exprimé leur accord sur le fait que les règles du pacte de stabilité européen ne devaient pas changer mais qu'elles devaient être appliquées avec "souplesse". Sigmar Gabriel a relancé le débat lundi en suggérant que les coûts des réformes structurelles ne soient pas pris en compte dans le calcul des déficits publics. Mais la chancelière allemande Angela Merkel a par la suite déclaré que son gouvernement était entièrement d'accord sur l'inutilité de modifier le pacte. Il faut faire "en sorte que l'Europe soit réorientée (vers) la croissance et l'emploi en utilisant toutes les marges, toutes les souplesses du pacte de responsabilité et de croissance", a dit samedi François Hollande. "Ne rentrons pas dans un débat qui serait la renégociation formelle (...) utilisons tout ce qui est prévu aujourd'hui dans les traités pour assouplir le plus possible le pacte pour l'ensemble des pays considérés", a-t-il ajouté. Le président français a cité au titre des urgences l'emploi des jeunes, dont il veut faire la "priorité budgétaire de l'Europe", le lancement d'un grand programme d'investissement visant notamment à préserver l'indépendance énergétique du continent, la simplification et la démocratisation de l'Europe et la maîtrise de l'immigration. (Edité par Chine Labbé)