Les séparatistes montrent le retrait d'armes lourdes en Ukraine

Les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine ont invité mardi des journalistes à assister au début du retrait de leurs armes lourdes de la ligne de front, conformément à l'accord conclu ce mois-ci à Minsk, comme ici près de Donetsk. /Photo prise le 24 février 2015/REUTERS/Baz Ratner

par Anton Zverev MAKIYVKA, Ukraine (Reuters) - Les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine ont invité mardi des journalistes à assister au début du retrait de leurs armes lourdes de la ligne de front, conformément à l'accord conclu ce mois-ci à Minsk. Le gouvernement de Kiev a pour sa part accusé les rebelles de profiter de la trêve pour se renforcer en vue d'une nouvelle offensive. Les combats se sont calmés ces derniers jours, malgré quelques bombardements, faisant espérer que le cessez-le-feu qui devait théoriquement entrer en vigueur le 15 février sera finalement respecté dans l'est du pays. Après avoir pris le contrôle de la ville stratégique de Debaltseve, les séparatistes disent vouloir observer la trêve mais le gouvernement ukrainien affirme qu'ils mentent et qu'ils poursuivent leurs tirs sur les positions de l'armée nationale. Mardi, des journalistes de Reuters ont pu voir en territoire rebelle dix camions transportant des obusiers traverser la ville de Makiyvka, près de Donetsk. Les combattants séparatistes ont déclaré que ces obusiers venaient de Donetsk et se dirigeaient vers Amvrosiyvka, une ville éloignée du front, près de la frontière russe. Près d'Amvrosiyvka, des journalistes de Reuters ont également vu un autre convoi de 14 obusiers se dirigeant vers la frontière russe. Un chef rebelle, Edouard Bassourine, a précisé que 90 pièces d'artillerie devaient être retirées du front dans la journée. Il a ajouté que ses troupes n'avaient aucune intention de poursuivre leur avance, contrairement à ce qu'affirme Kiev, mais il a reconnu que les séparatistes souhaitaient parvenir à terme, "par la négociation", à contrôler la ville de Marioupol, sur la mer d'Azov. KIEV ACCUSE LES REBELLES DE SE RENFORCER "Aujourd'hui à 09h00 du matin (06h00 GMT), le retrait prévu de nos équipements lourds a commencé", a dit Bassourine. "Nous les retirons à 50 km de la ligne de front", a-t-il précisé, comme prévu par les accords de Minsk afin de créer une zone de sécurité d'au moins 50 km de part et d'autre des lignes de front. Edouard Bassourine a démenti les informations des gouvernementaux faisant état de violents combats dans des villages proches de Marioupol, évoquant seulement des "provocations" de l'armée. Selon Kiev, les rebelles auraient lancé des attaques contre des villages proches de Marioupol, ville portuaire et industrielle d'un demi-million d'habitants dont le gouvernement ukrainien redoute qu'elle ne soit le futur objectif des séparatistes. A Kiev, l'armée ukrainienne a affirmé que les promesses des rebelles n'avaient aucune valeur. "Les groupes terroristes, utilisant le cessez-le-feu, en profitent pour se renforcer en hommes et en munitions", a dit un porte-parole. Selon l'armée gouvernementale, un soldat a été tué et sept autres ont été blessés ces dernières vingt-quatre heures. Tant que les tirs ne cessent pas, le gouvernement de Kiev a fait savoir qu'il ne retirerait pas ses armes lourdes du front. "Quand le cessez-le-feu aura été parfaitement respecté pendant deux jours consécutifs, alors nous commencerons à retirer nos armes lourdes", a dit le porte-parole de l'armée, Andriy Lissenko. Le service de presse des rebelles, DAN, a affirmé pour sa part que l'artillerie gouvernementale avait ouvert le feu une dizaine de fois près de Donetsk. (Avec Natalia Zinets, Pavel Polityuk, Alessandra Prentice et Peter Graff à Kiev, Katya Golubkova et Vladimir Soldatkin à Moscou; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)