Les Rohingya continuent d'affluer par milliers au Bangladesh

COX'S BAZAR (Reuters) - Des réfugiés de la minorité des Rohingya ont continué de fuir la Birmanie et d'entrer par milliers au Bangladesh, lundi, ont constaté des journalistes de Reuters.

Une file ininterrompue de Rohingya, des musulmans apatrides qui se disent victimes d'exactions en Birmanie, ont pénétré au Bangladesh au niveau du village de Palongkhali. Un certain nombre d'entre eux étaient blessés et des personnes âgées étaient transportées sur des civières.

"On ne pouvait pas sortir de chez nous, depuis un mois, parce que l'armée rançonnait les personnes dans la rue. Finalement, les militaires se sont mis à ouvrir le feu sur la localité, et nous avons fini par fuir en direction d'un autre village", a raconté Mohammad Shoaib, 29 ans.

Du côté bangladais de la frontière, ils ont rejoint les quelque 536.000 autres Rohingya qui ont fui la Birmanie depuis le 25 août, jour où des attaques coordonnées d'insurgés rohingya ont déclenché de violentes ripostes militaires. Ceux qui fuient accusent les forces de sécurité birmanes d'incendies volontaires, de meurtres et de viols.

Les autorités birmanes rejettent les accusations de nettoyage ethnique et considèrent comme des "terroristes" les insurgés de l'Armée du salut des Rohingya d'Arakan, qui ont lancé les attaques du 25 août.

Les réfugiés arrivés lundi au Bangladesh disent avoir été poussés à fuir par la faim, parce que les marchés de produits alimentaires ont été fermés dans l'Etat birman d'Arakan et que l'approvisionnement est restreint. Ils ont fait état aussi d'attaques émanant de l'armée et de foules de bouddhistes extrémistes.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne doivent discuter ce lundi de la situation des Rohingya en Birmanie. Dans leur projet de communiqué conjoint, ils indiquent que l'UE "va suspendre toute invitation adressée au commandant en chef des forces armées birmanes et à d'autres hauts responsables de l'armée".

Le chef des forces armées, Min Aung Hlaing, a déclaré la semaine dernière à l'ambassadeur des Etats-Unis en Birmanie que l'exode des Rohingya avait été exagéré.

(Zeba Siddiqui; Eric Faye pour le service français)