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Les rebelles syriens lancent une contre-offensive à Alep

par Ellen Francis et Angus McDowall BEYROUTH (Reuters) - Les rebelles syriens, y compris des djihadistes, ont annoncé avoir lancé vendredi une contre-attaque à Alep contre l'armée syrienne et ses alliés dans le but de briser le siège des quartiers est de la grande ville du nord de la Syrie. Alep, principale ville syrienne avant la guerre civile, est divisée depuis des années entre un secteur ouest contrôlé par le gouvernement du président Bachar al Assad et ses alliés chiites et russes, et la partie est tenue par divers groupes rebelles et assiégée quasiment sans relâche depuis cet été. La nouvelle offensive rebelle se fait à l'artillerie lourde et aux attentats suicide à la voiture piégée. Elle est prioritairement centrée sur la bordure ouest de la ville et menée par des rebelles basés à l'extérieur d'Alep. Parmi les participants figurent le Front Fateh al Cham, ex-Front al Nosra qui était affilié à Al Qaïda, ainsi que des groupes qui combattent sous la bannière de l'Armée syrienne libre (ASL). Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres qui donne un point quotidien sur la guerre en Syrie grâce à un réseau d'informateurs sur le terrain, plus de 15 civils ont été tués et 100 blessés par les tirs des rebelles sur les quartiers ouest d'Alep. La presse d'Etat parle de cinq civils tués. Les récits de ce qui se passe sur le terrain dans les environs de la ville sont contradictoire. Des photographies montrent des insurgés qui approchent d'Alep sur des chars, des véhicules blindés, des bulldozers, des détecteurs de mines de fortune, des picks-ups et des motos. On voit aussi une large colonne de fumée monter dans les airs après une explosion. APPEL GÉNÉRAL Les rebelles disent avoir pris plusieurs positions aux forces gouvernementales. L'OSDH précise qu'ils ont pris le contrôle d'un barrage sur un site industriel dans le sud-ouest d'Alep ainsi que d'autres points non loin de là. Mais, de source militaire syrienne, on indique que l'armée syrienne et ses alliés ont repoussé une "attaque de grande envergure" au sud et à l'ouest d'Alep. La télévision publique précise que l'armée a détruit quatre voitures piégées. Cette offensive a incité le ministère russe de la Défense à demander à Vladimir Poutine l'autorisation d'une reprise des frappes aériennes après dix jours d'interruption, rapporte l'agence de presse Interfax. Le président russe a estimé qu'une telle initiative était inutile, a dit son porte-parole Dmitry Peskov. Abou Anas al Chami, du bureau des médias du Front Fateh al Cham, a déclaré que son groupe avait mené deux "opérations martyres", à la suite desquelles ses combattants étaient entrés et avaient pu "libérer un certain nombre de secteurs importants". Une troisième attaque de ce genre a été menée par un autre groupe islamiste. Les insurgés auraient repris le contrôle du faubourg de Dahiyet al Assad, d'une superficie d'environ un km carré à la pointe sud-ouest de la ville. Zakaria Malahifdji, membre du groupe nationaliste rebelle Fastakim, a précisé que seule une partie du faubourg avait été reprise. ECRAN DE FUMÉE Abou Youssef al Mouhadhir, un responsable du puissant groupe islamiste Ahrar al Cham, a souligné que le degré de coopération entre les différents groupes rebelles était inhabituel et que l'axe principal des combats se situait en bordure ouest de la ville. "Cet axe long disperse l'ennemi et nous donne une bonne couverture dans le sens où les attaques de l'ennemi ne sont pas ciblées", commente-t-il. Le rôle important joué par le Front Fateh al Cham, considéré par de nombreux pays comme un groupe terroriste, a compliqué la stratégie occidentale de soutien à l'opposition anti-Assad. Les Etats-Unis ont ainsi fait en sorte que ne soient pas livrés aux rebelles d'armes plus puissantes comme des missiles antiaériens, entre autres parce qu'ils craignent qu'ils ne finissent entre les mains des djihadistes. De source militaire syrienne, on ajoute que l'attaque de vendredi a été lancée en coordination avec l'Etat islamique, groupe contre qui tous les autres rebelles, y compris Fateh al Cham, ont pourtant combattu. Toujours est-il que des heurts ont eu lieu entre les combattants de l'EI et l'armée syrienne à une base aérienne située à une quarantaine de kilomètres à l'est d'Alep, à côté de territoires contrôlées par le groupe fondamentaliste sunnite. Selon Abou Youssef al Mouhadhir, le responsable d'Ahrar al Cham, le temps nuageux réduit l'avantage aérien de l'armée de l'air syrienne et de son alliée russe. En outre, des pneus sont brûlés dans Alep pour former un écran de fumée et empêcher les frappes aériennes. Avant le début de l'offensive des rebelles, des roquettes Grad ont été tirées sur la base aérienne de Naïrab, au sud-est d'Alep, a déclaré Zakaria Malahifdji, chef du bureau politique du groupe rebelle Fastakim, basé à Alep, en précisant que cela allait être "une grande bataille". L'OSDH précise que des missiles sol-sol Grad se sont aussi abattus autour de la base aérienne russe de Hmeimim, près de Lattaquié. (Avec Tom Perry; Danielle Rouquié pour le service français)