Les proches de François Fillon minimisent ses propos sur le FN

Les proches de François Fillon ont minimisé mardi les propos de l'ancien Premier ministre, qui a appelé à voter pour "le moins sectaire" des candidats en cas de duel entre le PS et le Front national au second tour d'une municipale en mars prochain. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

par Emile Picy PARIS (Reuters) - Les proches de François Fillon ont minimisé mardi les propos de l'ancien Premier ministre, qui a appelé à voter pour "le moins sectaire" des candidats en cas de duel entre le PS et le Front national au second tour d'une municipale en mars prochain. Ces déclarations, tenues dimanche sur Europe 1, ont suscité l'embarras à l'UMP et de vives critiques du Parti socialiste, pour lequel François Fillon a fait céder le cordon sanitaire qui entourait jusqu'à présent le parti d'extrême droite. La ligne officielle de l'UMP est en effet le "ni-ni" en cas de second tour FN-PS, un appel à l'abstention puisque les électeurs sont appelés à ne voter ni pour l'un ni pour l'autre. Une position réaffirmé mardi au plus haut niveau de l'UMP. Le député UMP Eric Ciotti, proche de l'ancien chef du gouvernement, juge que cette "polémique stérile" est entretenue par la gauche pour laquelle le FN est "une bouée de sauvetage". François Fillon "a toujours été clair", a-t-il déclaré dans les couloirs de l'Assemblée nationale. "Je crois que c'est sans doute un des hommes politiques français les plus clairs sur ce sujet. Tout son parcours politique en atteste, en témoigne". "Jamais d'alliance avec le FN, ni hier, ni aujourd'hui, ni demain. C'est ce qu'il a dit dimanche. Le sujet, c'est très clairement la question d'une alliance et là, la position est d'une extrême clarté, d'une fermeté totale", a-t-il ajouté. "Ce que dit François Fillon, qui est un homme de rassemblement, c'est : 'choisissez en votre âme et confiance le moins sectaire'", a poursuivi Eric Ciotti. "NI FRONT RÉPUBLICAIN, NI FN" Jérôme Chartier, lui aussi proche de François Fillon, qui garde le silence depuis dimanche, a abondé dans le même sens. "Le Front National détruit les valeurs de la France. Voilà ce que pense François Fillon, il faut le combattre et il n'y aura jamais d'alliance avec lui, c'est clair", a-t-il dit dans les couloirs de l'Assemblée. Pour le député UMP, l'ancien chef du gouvernement a "voulu dire que le moins sectaire, il est à l'UMP, à droite et au centre et pas chez les socialistes", a poursuivi Jérôme Chartier avant d'affirmer qu'aux prochaines municipales "il n'y aura pas de situation où l'UMP ne sera pas représentée au deuxième tour". "Il n'y aura pas de cas PS-FN. C'était dimanche une question purement théorique", a-t-il estimé. Les proches de Jean-François Copé, qui a remporté la présidence de l'UMP face à François Fillon après une guerre ouverte, ont rappelé que la ligne du parti était le "ni-ni". "Ni Front républicain, ni Front national", a dit le député Marc-Philippe Daubresse, secrétaire-général adjoint de l'UMP. Christian Jacob, président du groupe UMP de l'Assemblée, n'a pas voulu donner son avis sur les propos de François Fillon et a simplement rappelé la ligne de l'UMP. "On a une ligne qui est simple, claire : c'est que nous avons deux adversaires, on a la gauche alliée à l'extrême gauche et le Front national". LE CENTRE CRITIQUE Le député UMP Benoist Apparu, un proche d'Alain Juppé, a été le seul à critiquer ouvertement les propos de l'ancien chef du gouvernement sur RMC, les qualifiant de "bêtise". Sa collègue Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP à la mairie de Paris, a rappelé pour sa part qu'on ne pouvait renvoyer "dos à dos PS et FN". Jean-Louis Borloo, le président de l'UDI (centriste), s'est dit totalement opposé à la vision de François Fillon. "Une ville, c'est une communauté de destins avec des gens différents. Vous ne pouvez pas diriger une ville en ne mobilisant pas tout le monde quand vous êtes du Front national", a-t-il expliqué lors de son point de presse hebdomadaire. Pour le leader centriste, "à l'évidence, la seule possibilité sérieuse pour pouvoir fédérer c'est de se fédérer avec la gauche. C'est comme ça. Donc je pense que c'est une maladresse et je pense qu'il devrait préciser". La majorité de gauche ne s'est pas privé de dénoncer les propos de François Fillon. "J'ai été surpris et par certains côtés déçu par les déclarations qu'il a eu l'occasion de faire ce week-end parce que je considérais qu'il était de ceux qui garantissaient une éthique et un engagement très fort de la droite républicaine par rapport au Front national", a déclaré Claude Bartolone (PS), le président de l'Assemblée dans les couloirs du Palais-Bourbon. Quand à François de Rugy, co-président du groupe écologiste, il a dit à Reuters être "affligé" de "voir que la droite française n'est pas capable de faire émerger une ligne claire sur ce sujet". Edité par Emile Picy