Les pertes russes en Syrie plus lourdes que le bilan officiel

BELORETCHENSK, Russie (Reuters) - Dix militaires russes sont morts au combat en Syrie depuis le début de l'année, selon les chiffres fournis par le ministère de la Défense à Moscou. Mais sur la foi de comptes rendus des familles et d'amis des victimes et au vu de ce que disent les autorités locales, Reuters évalue en fait à au moins 40 le nombre de militaires et d'employés de sociétés privées de sécurité russes tombés en Syrie durant cette période. Sur ces 40, 17 sont des militaires et 21 des employés de sociétés privées. On ignore le statut des deux personnes restantes. Mercredi, le ministère russe de la Défense a apporté un déménti cinglant aux informations avancées par Reuters, estimant qu'il s'agissait "d'un mensonge de bout en bout". Le total des sept derniers mois dépasse le bilan de 36 militaires et employés de sociétés privées russes morts en Syrie au cours des quinze mois antérieurs à 2017. Ceci traduirait une hausse importante des pertes au combat, alors même que l'engagement militaire russe entamé en septembre 2015 s'intensifie aux côtés des troupes de Bachar al Assad. Les autorités russes disent que 23 militaires sont morts en Syrie durant ces quinze mois-là, mais Reuters a calculé que le bilan des morts était de 36, en englobant des employés de sociétés sous-traitantes. La majeure partie des décès signalés par Reuters pour 2017 ont été confirmés par plus d'une personne, dont ceux qui connaissaient le défunt ou les autorités locales. Dans neuf cas, Reuters a pu corroborer par une autre source un décès signalé par les réseaux sociaux ou la presse locale. L'état-major russe encourage les familles de défunts à ne pas faire état du décès qui les touche, ont déclaré des proches de militaires tués, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a tenu mercredi à affirmer que s'il y avait des citoyens privés russes combattant aux côtés des forces syriennes il s'agissait de "volontaires" qui "n'ont rien à voir avec l'Etat". Et le ministère de la Défense, dans son démenti apporté par son porte-parole, Igor Konachenkov, et reproduit par les agences de presse russes, ajoute : "Ce n'est pas la première fois que Reuters cherche à discréditer par tous les moyens l'opération russe visant à détruire les terroristes de l'Etat islamique et à rétablir la paix en Syrie". (Maria Tsvetkova, avec Maria Kiselyova à Moscou, Eric Faye et Gilles Trequesser pour le service français)