Les pays du Golfe promettent une aide supplémentaire à l'Egypte

CHARM EL CHEIKH, Egypte (Reuters) - Les pétromonarchies du Golfe qui soutiennent le président égyptien Abdel Fattah al Sissi depuis qu'il a renversé son prédécesseur islamiste ont promis 12 milliards de dollars supplémentaires à l'Egypte à l'ouverture de la conférence sur l'investissement à Charm el Cheikh, vendredi. Le Koweït, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui tiennent à bout de bras l'économie égyptienne depuis le coup de force de l'armée à l'été 2013, se sont engagés à verser chacun quatre milliards de dollars sous forme d'investissements et de dépôts auprès de la banque centrale égyptienne. La moitié de la contribution des Emirats et un quart de celle de l'Arabie saoudite iront à la banque centrale, ont précisé ces deux pays. Le ministre égyptien de l'Investissement Achraf Salman a déclaré à Reuters que Le Caire tablait sur 15 à 20 milliards de dollars (14,2 à 18,9 mds d'euros) d'investissements étrangers pendant la conférence organisée à Charm el Cheikh, dans le Sud du Sinaï, au moment où le nord de la péninsule est en proie à une insurrection djihadiste. L'Egypte tient à ce que cette conférence donne l'image d'un pays qui retrouve la stabilité, quatre ans après le renversement d'Hosni Moubarak, et n'a pas ménagé ses efforts pour rassurer les investisseurs, en adoptant notamment de nouvelles lois sur l'investissement et la fiscalité. Elle espère dans un premier temps doubler le montant des investissements étrangers pendant l'exercice budgétaire en cours, pour les porter à huit milliards de dollars, a déclaré Achraf Salman. "Je m'attends à la signature de contrats d'une valeur de 15 à 20 milliards de dollars", a dit le ministre, en évoquant notamment la construction de centrales électriques et des projets immobiliers et agricoles. L'EGYPTE VISE 6% DE CROISSANCE En dehors des trois alliés arabes d'Abdel Fattah al Sissi, qui s'inquiétaient de la montée en puissance régionale des Frères musulmans de son prédécesseur déchu Mohamed Morsi et ont déjà versé plus de 20 milliards de dollars pour assurer son succès, les premières annonces de contributions sont venues d'Oman et des Etats-Unis. Le sultanat d'Oman s'est engagé à investir 500 millions de dollars sur cinq ans. L'Américain General Electric a annoncé de son côté en amont de la conférence qu'il allait investir 200 millions de dollars dans une usine de la plate-forme industrielle et logistique qui va être créée en marge du percement du nouveau canal de Suez, le projet phare du président Sissi. Il a aussi dit avoir livré 34 turbines à gaz à l'Egypte dans le cadre d'un projet électrique de 1,9 milliard de dollars. D'après Achraf Salman, plusieurs protocoles d'accord vont également être signés à Charm el Cheikh, dont l'un portant sur la construction d'une nouvelle capitale administrative d'un coût estimé à 40 milliards de dollars. Le ministre n'a pas fourni davantage de précisions sur ce mégaprojet. L'Egypte espère ramener son déficit budgétaire à 10% du produit intérieur brut (PIB) à l'horizon 2018-2019, contre 15% l'année dernière en raison, notamment, du poids considérable des subventions. Elle table sur une croissance économique de 4% pour l'exercice en cours, qui s'achève en juin, contre 2,2% en 2013-2014. Dans son discours inaugural à Charm el Cheikh, Abdel Fattah al Sissi a déclaré que l'Egypte avait un objectif de croissance de 6% au cours des cinq prochaines années, période au terme de laquelle elle espérait ramener le taux de chômage à 10%, au lieu de 13% actuellement. Il s'est fixé comme priorités économiques d'améliorer les finances publiques et d'encourager les investissements dans le secteur privé. (Michael Georgy et Stephen Kalin; Tangi Salaün pour le service français)