L'Etat islamique continue à faire la loi à Mossoul

Vue de Bashiqa, Mossul est. Retranché dans son bastion irakien de Mossoul, l'Etat islamique a exposé les corps crucifiés de cinq personnes accusées d'avoir livré des informations à l'"ennemi" et sa police religieuse est réapparue dans les rues de la ville, témoignent des habitants. /Photo prise le 30 octobre 2016/REUTERS/Azad Lashkari

BAGDAD (Reuters) - Les djihadistes de l'Etat islamique retranchés dans leur dernier bastion irakien de Mossoul ont exécuté au moins 20 personnes accusées d'avoir livré des informations à l'"ennemi" et ont exposé les corps crucifiés de cinq d'entre elles, tandis que leur police religieuse réapparaissait ostensiblement dans les rues, rapportent des habitants. Les cinq corps ont été placés à un carrefour pour signifier clairement aux 1,5 million d'habitants que les extrémistes sunnites tiennent toujours fermement la ville en dépit de l'opération lancée sur plusieurs fronts le 17 octobre par les forces irakiennes et kurdes. L'EI contrôle Mossoul depuis juin 2014. La coalition à l'offensive, qui réunit environ 100.000 hommes, a quasiment encerclé la ville et pénétré dans les quartiers est. Selon des habitants joints mardi soir par Reuters, de nombreux quartiers de Mossoul sont plus calmes que les jours précédents, même dans des zones où de violents affrontements ont eu lieu au cours des derniers jours, et les gens ont pu sortir pour se ravitailler. "Je suis sorti de ma voiture pour la première fois depuis le début des combats dans les quartiers est", a dit un habitant. "J'ai vu des éléments de la hisba (police religieuse) vérifiant les barbes et les vêtements des hommes et cherchant des fumeurs." La hisba sillonne la ville à bord de véhicules distinctement identifiables. "On dirait qu'ils veulent montrer leur présence après avoir disparu pendant les dix derniers jours, surtout sur la rive est", ajoute cet habitant. Un policier à la retraite allant toucher sa pension a déclaré que le responsable avait refusé de la lui verser s'il ne donnait pas sa carte SIM en échange, afin que ses communications soient contrôlées. "Il m'a dit que c'étaient les instructions de Daech", a déclaré cet homme de 65 ans, disant s'appeler Abou Ali. Mossoul est divisée en deux par le Tigre. La moitié est, où les forces spéciales irakiennes ont enfoncé les défenses de l'EI, a une population plus mélangée que la partie ouest, très majoritairement arabe et sunnite, où la plupart des observateurs jugent que l'EI reste bien implantée. Le chef du groupe, Abou Bakr al Baghadi, a exhorté ses partisans début novembre à mener une "guerre totale". (Dominic Evans; Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français)