Les partis au pouvoir punis lors des municipales aux Pays-Bas

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. Les partis de la coalition au pouvoir depuis 2012 aux Pays-Bas ont reçu un avertissement cinglant mercredi lors des élections municipales, les électeurs leur faisant sans doute payer leur politique d'austérité dans un morne contexte économique. /Photo d'archives/REUTERS/Pascal Rossignol

AMSTERDAM (Reuters) - Les partis de la coalition au pouvoir depuis 2012 aux Pays-Bas ont reçu un avertissement cinglant mercredi lors des élections municipales, les électeurs leur faisant sans doute payer leur politique d'austérité dans un morne contexte économique. Le Parti du travail (PvdA), partenaire minoritaire des Libéraux du Premier ministre Mark Rutte, a perdu sa position de premier parti à Amsterdam, qu'il détenait depuis plus de soixante ans, au profit du parti social-libéral D66. A La Haye, où siège le gouvernement, les travaillistes ont été relégués en troisième position derrière le D66 et le Parti pour la liberté (PVV) du leader populiste de droite Geert Wilders. Le parti de centre gauche a également perdu le bastion industriel et maritime de Rotterdam au profit de "Rotterdam vivable", le parti anti-islam fondé par Pim Fortuyn. "Les partis de gouvernement ont été punis pour l'austérité et les hausses d'impôts", a déclaré Andre Krouwel, politologue à l'université VU d'Amsterdam, qualifiant d'"historiques" les pertes des travaillistes dans les grandes villes. Depuis la crise financière de 2008, les Pays-Bas affichent une croissance atone et ont même traversé une période de récession alors que le gouvernement a procédé à plusieurs vagues de coupes budgétaires pour ramener le déficit sous le plafond des 3% du produit intérieur brut. Les prochaines élections législatives ne sont pas prévues avant mars 2017 et les deux partis espèrent profiter d'ici là d'une amélioration de la situation économique. Réagissant aux résultats des municipales, le Premier ministre Mark Rutte a exclu tout changement de cap. "Nous devons garantir la croissance de l'emploi et poursuivre les réformes des marchés du travail et du logement pour être sûrs que nous sortirons renforcés de la crise", a-t-il dit à la télévision. Le parti d'extrême droite de Geert Wilders n'a pas gagné à La Haye, ce que prédisaient les sondages, mais les enquêtes d'opinion le donnent toujours vainqueur, aux Pays-Bas, des élections européennes de mai prochain. En novembre dernier, Geert Wilders et Marine Le Pen ont appelé les partis européens en accord avec leurs idées à créer un groupe politique au Parlement européen après le scrutin. Si des législatives avaient lieu aujourd'hui, la formation de Wilders, qui prône la sortie de l'Union européenne et rejette l'immigration musulmane, remporterait 27 sièges sur les 150 du parlement et deviendrait le premier parti des Pays-Bas. Il compte actuellement 24 élus. Les deux partis de l'actuel gouvernement passeraient quant à eux de 79 sièges à 35, selon les calculs du sondeur Maurice De Hond. (Thomas Escritt; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)