Les musulmans manifestent à Bangui pour demander leur évacuation

LES MUSULMANS DE BANGUI VEULENT ÊTRE ÉVACUÉS

BANGUI (Reuters) - Plusieurs centaines de musulmans ont manifesté samedi dans les rues de Bangui pour protester contre l'appel à déposer les armes que leur a lancé la présidente centrafricaine et demander à être évacués de la capitale en toute sécurité. Un calme tendu régnait dans la capitale de la République centraficaine après deux jours de violence qui ont suivi l'attaque d'une église chrétienne mercredi par des musulmans. Dans un discours retransmis à la télévision vendredi, la présidente par intérim, Catherine Samba-Panza, a promis que les responsables de l'attaque de l'église seraient punis et que Bangui et son quartier musulman, le PK5, seraient désarmés. "Nous nous défendons parce que nous n'avons personne", a déclaré Ousmane Abakar, un des organisateurs de la marche de samedi. "S'ils désarment le PK5, ils doivent désarmer toute la ville en même temps, parce que chaque quartier de Bangui est armé." "Nous sommes les victimes des anti-balaka", ajoute cet homme en référence aux milices chrétiennes. "Nous appelons la communauté internationale à nous emmener là où il y a la paix." Selon les Nations unies, au moins 17 personnes ont été tuées lors de l'attaque de l'église Notre-Dame de Fatima et 27 autres ont été enlevées. En réponse, des chrétiens ont paralysé la ville. Ils ont érigé des barricades, brûlé des pneus et attaqué une mosquée. Vendredi, les soldats burundais de la Misca, la mission des Nations unies en Centrafrique, ont abattu deux personnes. Ils disent s'être heurtés à un groupe de manifestants. Médecins sans frontières a annoncé samedi avoir soigné 27 blessés dans les violences depuis mercredi soir. Les forces françaises de l'opération Sangaris ont démantelé la quasi-totalité des barricades dans la nuit, mais les manifestants ont commencé à les reconstruire dans certaines parties de la ville samedi matin. "C'est la catastrophe dans le pays", déclare Dieu Beni Ngoiyoma, un professeur de confession chrétienne à Bangui. "La présidente nous a parlé de réconciliation entre chrétiens et musulmans, mais maintenant, ce sont les musulmans qui viennent tuer les Centrafricains." (Serge Léger Kokpakpa, avec Crispin Dembassa-Kette, et Joe Bavier à Abidjan, Danielle Rouquié pour le service français)