Les ministres de la Défense et de l'Intérieur investis en Irak

Le Parlement irakien a approuvé samedi la nomination d'un musulman sunnite comme ministre de la Défense et d'un chiite comme ministre de l'Intérieur, a annoncé la télévision publique, dans le cadre de la constitution d'un gouvernement plus représentatif à opposer aux insurgés de l'Etat islamique. /Photo d'archives/REUTERS/Thaier Al-Sudani

BAGDAD (Reuters) - Le Parlement irakien a approuvé samedi la nomination d'un musulman sunnite comme ministre de la Défense et d'un chiite comme ministre de l'Intérieur, a annoncé la télévision publique, dans le cadre de la constitution d'un gouvernement plus représentatif à opposer aux insurgés de l'Etat islamique. Six membres kurdes du gouvernement ont également été investis, le gouvernement régional du Kurdistan (GRK), entité autonome du nord de l'Irak, ayant finalement obtenu plus de postes que les trois proposés par le Premier ministre Haïdar al Abadi, lors de l'annonce de la composition de son gouvernement le 8 septembre. Le portefeuille de la Défense est attribué à Khaled al Obeidi, un sunnite de Mossoul, ville du nord de l'Irak passée sous le contrôle de l'Etat islamique. Le portefeuille de l'Intérieur échoit à Mohamed al Ghabban, membre de l'Organisation Badr, puissant parti politique chiite doté d'une milice. Le nouveau ministre de la Défense est membre du parti du vice-président irakien Oussama al Noudjaifi. C'est également un proche du frère du vice-président, Asil al Noudjaifi, gouverneur de la province de Ninive, envahie par les forces de l'Etat islamique. Le choix de Mohamed Al Ghabban est considéré comme un compromis : le chef de Badr, Hadi al Amri, n'avait pas été accepté par les partis sunnites. Les Kurdes, qui s'étaient vus à l'origine proposer le ministère des Finances, un poste de vice-Premier ministre et le ministère de la Culture, ont obtenu en outre les postes de ministre sans portefeuille, ministre de la Femme et ministre du Déplacement et des Migrations. "Le nouveau gouvernement sera représentatif et s'attaquera aux questions clés de la réconciliation, de la sécurité et de la stabilité à établir dans ce pays (...) et à résoudre les questions en suspens concernant le GRK à propos du pétrole et des territoires contestés", a déclaré à Reuters le nouveau ministre des Finances, Hochiyar Zebari, un Kurde. UN PAS EN AVANT Les Etats-Unis, qui ont dépêché des conseillers militaires en Irak et mènent des frappes contre l'Etat islamique, ont salué la composition du nouveau gouvernement irakien. "Nous avons eu aujourd'hui un pas en avant très positif en Irak avec le choix du ministre de l'Intérieur et du ministre de la Défense", a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry à Boston, lors d'une rencontre avec l'ancien ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi, à propos de l'Etat islamique. "Ces postes clés devaient être pourvus pour aider l'effort qui s'organise en ce qui concerne l'EIIL", a ajouté le chef de la diplomatie américaine qui utilise l'ancien acronyme de l'Etat islamique. Khaled al Obeidi, général dans l'armée irakienne avant 2003, était à Mossoul dans les heures qui ont précédé la chute de la ville aux mains de l'EI en juin. Son domicile à Mossoul est occupé par les djihadistes de l'EI, dit-il. Sa nomination est symbolique pour le gouvernement irakien qui cherche à inciter les habitants de Mossoul à se soulever. Le nouveau ministre de la Défense a beaucoup critiqué l'armée irakienne sous le prédécesseur d'Haïdar al Abadi, Nouri al Maliki, et appelé à des réformes d'envergure. La nomination des ministres liés à la sécurité a été ralentie par le débat interne au sein de la communauté chiite sur le fait de savoir si Hadi al Amri, qui est proche à la fois de l'Iran et de Nouri al Maliki, pouvait être nommé comme ministre de l'Intérieur. Les sunnites accusent la branche armée de Badr d'avoir mené des attentats ciblés à leur encontre dans les premières années après la chute de Saddam Hussein en 2003. Les membres de Badr démentent. Dans ce contexte, le choix de Mohamed al Ghabban est apparu comme prêtant moins à la polémique. (Ned Parker et Ahmed al Rachid; Danielle Rouquié pour le service français)