Les milices chiites à l'assaut de Tal Afar, au sud de Mossoul

Des miliciens chiites à Tal Afar, à l'ouest de Mossoul. Les milices paramilitaires chiites se massaient lundi pour couper les routes d'approvisionnement de Mossoul, dernier bastion irakien de l'EI, et fermer les accès reliant les parties syriennes et irakiennes de son territoire. /Photo prise le 20 novembre 2016/REUTERS/Khalid al Mousily

par Isabel Coles BASE AERIENNE DE TAL AFAR, Irak (Reuters) - Les milices chiites des Forces de mobilisation populaire (FMP) ont afflué lundi vers Tal Afar, dans le nord-ouest de l'Irak, pour couper les voies d'approvisionnement de Mossoul, dernier bastion irakien des djihadistes de l'Etat islamique (EI). Après avoir pris la base aérienne voisine, mercredi, les FMP achèvent désormais l'encerclement de cette localité située 60 kilomètres au sud de Mossoul. "Notre objectif est clair, c'est de libérer tout le territoire irakien et de couper les voies logistiques venant de Rakka, en Syrie", a déclaré le commandant Abou Mohammed al Attabi, interrogé sur la base aérienne, d'où Tal Afar est clairement visible. La prise de la ville achèverait l'encerclement de Mossoul, déjà assiégée au Nord, au Sud et à l'Est par les forces gouvernementales et les combattants kurdes. Un chauffeur de poids lourd qui a emprunté la semaine dernière la route menant à Tal Afar pour livrer des fruits à Rakka, bastion syrien de l'EI, a déclaré à Reuters avoir vu trois camions brûler sur la route et précisé que les combats faisaient rage autour de l'axe de communication. "C'est la dernière fois que je conduis sur cette route, elle va être coupée", a-t-il dit. Les miliciens chiites sont soutenus par l'armée de l'air irakienne, qui a mené des frappes aériennes et tué 15 insurgés, a annoncé l'armée gouvernementale dans un communiqué publié dimanche soir. CRAINTES TURQUES Selon Amnesty International, les FMP ont déjà commis des exactions relevant parfois du crime de guerre dans des secteurs repris à l'EI. Aucune n'a toutefois été signalée dans le cadre de la reconquête de Mossoul. Leur offensive à Tal Afar risque cependant de provoquer une réaction de la Turquie, soucieuse de protéger les populations turkmènes, qui y sont majoritaires. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a averti qu'Ankara réagirait si les milices chiites venaient à y "semer la terreur". Lorsqu'elle sera encerclée, les combattants locaux qui appartiennent aux FMP seront les premiers à y entrer, mais s'ils ne parviennent à s'en emparer seuls, d'autres miliciens du mouvement viendront leur prêter mains fortes, a expliqué Abou Mohammed al Attabi. L'officier, qui commande un bataillon de l'Organisation Badr, principale composantes des FMP, a en outre assuré que les miliciens chiites n'avaient aucun désir de vengeance et a lancé une mise en garde à la Turquie. "Nous sommes Irakiens (...) et nous considérons l'incursion de troupes étrangères comme un affront", a-t-il averti. Soucieux d'apaiser les rivalités ethniques et religieuses, le Premier ministre irakien Haïdar al Abadi a quant à lui promis que les forces chargées de reprendre Tal Afar présenteraient la même diversité que la population de la ville. (avec Maher Chmaytelli à Bagdad; Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français)