Les migrants, une aubaine pour le FN

À trois mois des élections régionales, la crise des migrants ne pouvait pas mieux tomber pour le Front national. Ou comment faire oublier les querelles familiales tout en se recentrant sur les fondamentaux du parti : immigration et insécurité.

Les migrants, une aubaine pour le FN

C’est du tout cuit ! Rien de plus facile pour le Front national que de parler immigration. Sur ce thème, le parti d’extrême droite est largement rôdé et ce, depuis des années. En 1978, ce slogan sur une affiche : "Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés en trop. Les Français d’abord." Aujourd’hui, Marine Le Pen s’invective contre "ces migrants qui viennent chercher des emplois que vous n’avez pas, des prestations sociales que vous n’avez plus, des logements que vous recherchez désespérément". Trente sept ans d’écart, des propos identiques. Et la présidente du FN pousse la logique jusqu’à comparer la crise actuelle aux "invasions du IVe siècle". On croirait entendre son père ! Même rhétorique. Le fondateur du FN a reconnu un discours "100% jean mariste". Rien de tel qu’un retour aux fondamentaux pour apaiser les tensions.

À trois mois des régionales, l’actualité donne un sacré coup de main au parti d’extrême droite. Celui-ci espère remporter trois ou quatre régions. Il y a quelques mois, les tensions familiales pouvaient quelque peu perturber l’électorat frontiste, aujourd’hui le FN se sent pousser des ailes. D’autant plus que la droite est divisée sur le sujet des migrants. Quand Jean-Pierre Raffarin appelle, comme François Hollande, à instaurer des "quotas de migrants", Bruno Le Maire plaide comme Marine Le Pen pour l’expulsion des étrangers "fichés S" (sûreté de l’Etat). Pour Nicolas Sarkozy, cette question de l’immigration est une question essentiellement européenne avec notamment l’instauration d’un Schengen 2 tandis que François Fillon propose également de soumettre les Français à un référendum sur la politique migratoire avec un vote annuel au Parlement sur les capacités d'accueil. Et tant que Les Républicains n’auront pas clarifié leur position, le FN espère attirer dans ses filets des électeurs de droite perdus. Les ténors LR feraient mieux d’oublier la future primaire et les querelles intestines pour se concentrer sur les prochaines échéances électorales.