Les Kurdes de Syrie aux urnes, l'autonomie en point de mire

KAMICHLI, Syrie (Reuters) - Les Kurdes du nord de la Syrie étaient appelés aux urnes ce vendredi pour des élections locales dans le cadre d'une marche vers une autonomie combattue à la fois par Damas et Ankara.

Les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) et leurs alliés arabes qui combattent l'organisation Etat islamique avec l'appui des Etats-Unis tiennent désormais une bonne part du nord du pays, qui jouit d'une autonomie de fait.

Les dirigeants de la région, qui la nomment Rojava, ne veulent pas l'indépendance, mais l'instauration d'un système fédéral dans lequel cette autonomie serait reconnue.

Leurs revendications inquiètent la Turquie, qui considère les YPG comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le président syrien Bachar al Assad, fort de l'appui décisif de l'aviation russe et du Hezbollah libanais, a quant à lui promis de restaurer l'autorité de l'Etat sur tout le territoire national et l'a répété récemment avec davantage de fermeté en évoquant spécifiquement le secteur kurde.

A la demande d'Ankara, les mouvements kurdes sont tenus à l'écart du processus diplomatique depuis le début du conflit et la dernière session des discussions de Genève s'est ouverte sans eux cette semaine. Les décisions qui y seront prises en leur absence ne seront donc pas reconnues par leur administration, a averti vendredi Hadiya Youssef, co-présidente du Comité exécutif du Rojava.

"Nous n'assistons pas à ces réunions, nous cherchons donc des solutions sur le terrain", a-t-elle expliqué à Reuters, ajoutant que le processus de paix ne pourrait aboutir tant que ceux qui représentent 30% du pays n'y sont pas associés.

Ce vendredi, 6.000 candidats sont en lice pour l'élection des conseillers municipaux, deuxième étape du processus entamé en septembre avec la désignation de conseils de district et qui culminera en janvier avec l'élection d'un parlement local.

(Rodi Said, Jean-Philippe Lefief pour le service français)