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Les forces pro-Damas lancent une offensive terrestre à Alep

par Tom Perry et Angus McDowall BEYROUTH (Reuters) - L'armée syrienne et les milices progouvernementales ont lancé mardi une vaste offensive au sol contre les quartiers orientaux d'Alep tenus par les insurgés, huit jours après l'échec de la trêve négociée par les Etats-Unis et la Russie. Pour Washington, c'est la preuve que Damas, Moscou et leurs alliés régionaux ont renoncé au processus de paix pour privilégier l'écrasement de l'insurrection, près de six ans après le début du conflit. L'administration américaine, qui leur reproche de s'en prendre aux civils, au personnel médical et humanitaire, les tient pour responsables d'actes de "barbarie" et de crimes de guerre. Les quartiers d'Alep assiégées par les forces gouvernementales, qui compteraient plus de 250.000 habitants, ont été lourdement bombardés depuis la fin de la trêve, proclamée le 19 septembre par l'état-major syrien, une semaine après son entrée en vigueur. Les raids aériens, très nombreux au cours des nuits qui ont précédé l'offensive terrestre, se sont faits plus rares, rapportent des habitants. Ils ont néanmoins fait une trentaine de morts, selon la Protection civile syrienne. D'après la télévision publique, l'armée a repris Al Farafra, un quartier de la vieille ville, où les démineurs sont désormais à l'oeuvre. Du côté des insurgés, on reconnaît que les forces fidèles à Damas ont gagné du terrain dans cette zone, mais on assure qu'elles ont ensuite dû battre en retraite. Elles ont également été repoussées sur quatre autres fronts, ajoute-t-on. A Genève, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a réclamé l'ouverture de "couloirs humanitaires" pour permettre l'évacuation des malades et des blessés. Il ne reste selon elle que 35 médecins dans la partie orientale de la ville aux mains des insurgés. "LE DERNIER MOT VIENDRA DU CHAMP DE BATAILLE" Parties simultanément du nord et du sud, l'armée et les milices iraniennes, irakiennes et libanaises qui lui prêtent main forte ont attaqué le secteur de la citadelle, dans la vieille ville, et plusieurs voies d'accès majeures, où d'intenses combats ont éclaté. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) annonce qu'elles ont gagné du terrain, ce que contestent les insurgés. Les deux camps font par ailleurs état de gros déploiements des forces progouvernementales dans plusieurs secteurs. Selon le commandant d'une milice irakienne, des effectifs importants sous commandement des "Nimr" (Tigres), l'unité d'élite de l'armée syrienne, s'apprêtent à passer à leur tour à l'offensive et ont commencé à déployer des blindés. Rien ne permet toutefois d'affirmer à ce stade qu'il s'agit d'un assaut en règle et de grande ampleur. Alep, première ville de Syrie avant le conflit, en est de loin l'enjeu le plus important. Sur d'autres fronts, comme aux abords de Damas ou à Homs, les forces gouvernementales privilégient la stratégie du siège et tablent sur la reddition des rebelles plutôt que sur l'assaut de zones bien défendues. Reste que les alliés d'Assad disent désormais ouvertement parier sur une victoire militaire. "Il n'existe aucune perspective de solution politique (...) Le dernier mot viendra du champ de bataille", a déclaré Hassan Nasrallah, chef de file du Hezbollah libanais, cité par le journal Al Akhbar. Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien cité mardi, estime quant à lui que le sort d'Alep ne dépend plus que de l'issue de la "confrontation armée". Plus au sud, les rebelles disent s'être emparés de plusieurs villages de la province d'Hama, où ils avaient déjà gagné du terrain samedi, ce que confirme l'OSDH. (Tom Perry et Laila Bassam avec Stephanie Nebahay à Genève; Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français)