Bogota refuse une instance externe de contrôle du cessez-le-feu

par Luis Jaime Acosta BOGOTA (Reuters) - Le gouvernement colombien a salué jeudi l'annonce d'un cessez-le-feu unilatéral des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) mais rejeté la mise en place réclamée par les rebelles marxistes d'une instance indépendante chargée de surveiller la trêve. "L'exigence de vérification pour ce cessez-le-feu unilatéral est une condition que le gouvernement n'accepte pas", a déclaré le gouvernement dans un communiqué, rappelant que la garantie et la protection des droits des Colombiens relèvent de son "devoir constitutionnel irrévocable". Les Farc ont annoncé mercredi un cessez-le-feu unilatéral sans limitation de durée "qui devrait se transformer en armistice", parallèlement aux négociations de paix en cours depuis fin 2012 avec le gouvernement colombien. Les rebelles marxistes ont précisé que ce cessez-le-feu entrerait en vigueur samedi à 00h01 (05h01 GMT) mais serait annulé à la moindre attaque de la police ou de l'armée. Dans un communiqué diffusé sur leur site internet, ils réclament que la situation soit contrôlée au choix par les Nations unies, la Croix-Rouge, les organisations intergouvernementales régionales comme l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) ou l'Eglise catholique. Depuis le début des négociations de paix, en novembre 2012 à Cuba, le gouvernement a constamment rejeté la proposition des Farc d'une trêve bilatérale. Les rebelles avaient déjà décrété des trêves provisoires pour la période de Noël ces deux dernières années. Ils avaient aussi cessé les opérations de combat pour l'élection présidentielle organisée cette année en Colombie. Ce scrutin a abouti à la réélection de Juan Manuel Santos, qui s'est engagé à mener à bien le processus de paix. Depuis sa naissance dans les années 1960 sur les bases d'un mouvement paysan en faveur d'une réforme agraire, cette rébellion marxiste a combattu par les armes les gouvernements successifs en Colombie. Ce conflit a fait plus de 220.000 morts et provoqué des déplacements massifs de population. Le processus de paix en cours est déjà le plus abouti de toutes les tentatives de règlement du conflit. Des accords partiels ont ainsi été conclus sur la réforme agraire, la transformation des Farc en force politique et la fin du trafic de drogue. Les négociateurs entrent désormais dans une phase délicate puisqu'ils doivent aborder les questions épineuses de la démobilisation des rebelles et de l'indemnisation des victimes du conflit. "Les mois à venir seront décisifs (...) Ce n'est ni plus ni moins qu'un scénario de maintenant ou jamais", disent les Farc. "Nous voulons surmonter ces épisodes inutiles de sang versé." (avec Julia Symmes Cobb et Peter Murphy; Nicolas Delame, Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Tangi Salaün)