Trump demande au Mexique de renvoyer les migrants chez eux

WASHINGTON/TIJUANA, Mexique (Reuters) - Donald Trump a estimé lundi que les autorités mexicaines devraient renvoyer vers leurs pays d'origine les migrants d'Amérique centrale qui cherchent à entrer aux Etats-Unis, au lendemain de la fermeture du point de passage le plus fréquenté entre le Mexique et la Californie.

Les autorités américaines ont rouvert dimanche en fin de journée le poste-frontière de San Ysidro, entre les villes de Tijuana et San Diego, après l'avoir fermé pendant plusieurs heures et tiré des grenades lacrymogènes sur les demandeurs d'asile qui tentent de gagner le territoire américain.

Donald Trump a promis d'empêcher les migrants, dont il n'a eu de cesse de dénoncer l'organisation en "caravanes" pendant la campagne des élections de mi-mandat, de franchir les 3.200 km de la frontière mexico-américaine.

Le président des Etats-Unis a aussi demandé au Congrès, qui reprend ses travaux à Washington ce lundi après les congés de Thanksgiving, de financer la construction d'un mur le long de la frontière, une de ses grandes promesses de campagne. Il menace dans le cas contraire de provoquer un nouveau "shutdown" lorsque le budget alloué au fonctionnement de l'administration fédérale arrivera à expiration le 7 décembre.

Les incidents qui se sont produits dimanche ont eu lieu à un endroit où un tel mur existe déjà.

"Le Mexique devrait renvoyer dans leur pays les migrants, dont beaucoup sont des criminels sans scrupules. Faites-le en avion, en bus, ou par le moyen que vous voulez, mais ils n'entreront PAS aux Etats-Unis. Nous fermerons la frontière de manière permanente s'il le faut. Congrès, financez le MUR!", a tweeté Donald Trump.

Des centaines de personnes fuyant la violence et la pauvreté en Amérique centrale, notamment au Honduras, et voulant demander l'asile aux Etats-Unis ont manifesté dimanche à Tijuana aux cris de "Nous ne sommes pas des criminels!"

GRENADES LACRYMOGÈNES

Ils ont été interrompus par les autorités mexicaines qui leur ont demandé d'attendre une autorisation pour manifester. Comprenant qu'ils ne l'obtiendraient pas, certains ont commencé à se diriger vers la frontière, où ils ont été accueillis par des tirs de grenades lacrymogènes.

Rodney Scott, responsable de la police des frontières à San Diego, a déclaré lundi que 42 personnes avaient été arrêtées. Les manifestants qui se sont massés à la frontière, a-t-il précisé sur CNN, sont en grande majorité des migrants économiques, parmi lesquels il y a peu de femmes et d'enfants.

Des agents américains "ont été atteints par des projectiles lancés par des membres de la caravane", a affirmé dimanche soir sur Twitter Kirstjen Nielsen, secrétaire américaine à la sécurité intérieure. Elle a promis que les responsables seraient poursuivis en justice.

Mexico a annoncé dimanche que les migrants qui ont tenté de franchir "violemment" et "illégalement" la frontière vers les Etats-Unis allaient être renvoyés dans leurs pays.

Des représentants américains et mexicains se sont dans le même temps rencontrés pour discuter d'un accord visant à obliger les demandeurs d'asile à attendre au Mexique pendant que leurs dossiers sont examinés par la justice américaine.

Mais les réfugiés se disent déterminés à se rendre le plus rapidement possible aux Etats-Unis.

"Ils veulent que nous attendions au Mexique mais moi, je suis désespéré. Ma petite fille est malade et je n'ai même pas d'argent pour lui acheter du lait (...) Je n'en peux plus", a expliqué Joseph Garcia, un Hondurien âgé de 32 ans.

Environ 7.400 migrants se trouvent actuellement dans l'Etat mexicain de Basse Californie, dans les villes de Tijuana et de Mexicali.

(Susan Heavey à Washington, Doina Chiacu, Lizbeth Diaz à Tijuana; Eric Faye, Arthur Connan, Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)