Obama essaie de créer une coalition contre l'Etat islamique
par Steve Holland et Phil Stewart NEWPORT Pays de Galles (Reuters) - Des alliés majeurs des Etats-Unis au sein de l'Otan se tiennent prêts à se joindre à l'intervention américaine en Irak contre l'Etat islamique, a déclaré vendredi le président américain Barack Obama, en promettant de vaincre ce mouvement djihadiste avec les mêmes méthodes que celles utilisées contre Al Qaïda. Son homologue français François Hollande a confirmé que la France participerait à une coalition internationale contre l'Etat islamique, qui s'est emparé de vastes territoires en Irak et en Syrie, si le gouvernement irakien en fait la demande et dans le respect du droit international. Alors que les Etats-Unis bombardent les djihadistes dans le nord de l'Irak depuis le 8 août, Barack Obama entendait compter ses alliés au sommet de l'Otan à Newport, au Pays de Galles. Les Etats-Unis ont réuni des ministres de 10 pays en marge de ce sommet dans le but de constituer ce qu'à Washington on qualifie de "noyau de coalition", destinée à s'élargir, contre l'Etat islamique (EI, ex-EIIL). "Des alliés importants de l'Otan se tiennent prêts à faire face à cette menace terroriste par des efforts militaires, de renseignement, de maintien de l'ordre ainsi que diplomatiques", a dit Barack Obama après cette réunion. Des ministres du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Danemark, de la Turquie, de la Pologne, du Canada et de l'Australie, qui ne fait pas partie de l'Otan, ont participé à cette réunion autour du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et de son homologue à la Défense, Chuck Hagel. "Déjà, des alliés nous ont rejoints en Irak où nous avons stoppé la progression de l'EIIL, où nous avons fourni du matériel à nos partenaires irakiens et où nous les avons aidés à passer à l'offensive", a poursuivi Barack Obama, qui exclut l'envoi de troupes au sol. Les Etats-Unis espèrent qu'un nouveau gouvernement sera formé la semaine prochaine en Irak afin de faciliter leurs efforts face aux djihadistes. Pour la France, François Hollande a ainsi souligné que toute action devait se faire "avec les autorités irakiennes". Le Premier ministre britannique David Cameron, qui n'avait pas réussi en 2013 à obtenir le feu vert de son Parlement à une action militaire en Syrie, s'est montré prudent quant à une éventuelle participation militaire de la Grande-Bretagne à l'intervention américaine en Irak. "Nous n'en sommes pas encore là", a-t-il dit. "On réalise de plus en plus qu'il va falloir en faire plus, mais il faut être prudent et mesurer toutes les conséquences", a expliqué un responsable britannique. OBAMA VEUT DÉCAPITER L'ÉTAT ISLAMIQUE Le Canada va envoyer pour une durée de 30 jours des conseillers militaires auprès du gouvernement irakien pour l'assister dans les opérations stratégiques. Une éventuelle prolongation de ce soutien sera évaluée à l'issue de cette période. Un peu plus d'une semaine après avoir essuyé de vives critiques pour avoir déclaré que les Etats-Unis n'avaient "pas encore de stratégie" face à l'EI en Syrie, Barack Obama a exposé les grandes lignes de son plan d'action pour anéantir l'Etat islamique. "Nous allons atteindre notre objectif. Nous allons affaiblir et au bout du compte vaincre l'EIIL, de la même manière dont nous nous en sommes pris à Al Qaïda", a dit le président américain. "Vous les repoussez dans un premier temps, vous réduisez systématiquement leurs capacités, vous réduisez leur champ d'action, vous réduisez lentement l'espace, le territoire qu'ils sont susceptibles de contrôler, vous leur enlevez leurs dirigeants et avec le temps ils ne sont plus capables de commettre les mêmes actes terroristes qu'auparavant", a-t-il poursuivi. Au cours de la réunion ministérielle en marge du sommet de l'Otan, les Américains ont insisté sur la nécessité d'une approche globale et ont reconnu que toute intervention en Irak contre l'EI aurait des conséquences en Syrie. John Kerry a souhaité l'élaboration d'un plan pour contrer l'Etat islamique d'ici la tenue de l'Assemblée générale des Nations unies, dans la dernière semaine de septembre. François Hollande et David Cameron ont souligné au cours d'entretiens privés avec Barack Obama que Washington ne pouvait pas se contenter d'ordonner des frappes aériennes contre des cibles djihadistes sans élaborer une stratégie globale, ont dit des sources européennes. "On ne peut pas se contenter de dire 'allons-y, lâchons quelques bombes et voyons ce qu'il se passe'", a résumé un responsable militaire occidental. Selon la délégation française, Barack Obama a apporté son soutien à la conférence que Paris espère organiser après la formation d'un nouveau gouvernement en Irak. "Il trouve la conférence utile", a déclaré une source diplomatique française après l'entretien bilatéral entre les deux présidents. (Avec Kylie MacLellan, Julien Ponthus, Sabine Siebold et Guy Faulconbridge; Jean-Stéphane Brosse, Tangi Salaün et Bertrand Boucey pour le service français)